Dans la beauté vierge et la langueur intemporelle d’une ilette de Tasmanie, incarnée par l’apparente longueur de la première partie, vit depuis 1918 un jeune couple de gardiens de phare, y trouvant la paix après l’horreur de la 1ère Guerre. Désespérés de la succession de fausses couches de l’épouse, ils décident, contre l’avis de l’intègre époux, de déclarer comme le leur un bébé naufragé dont la barque s’est échouée avec à son bord probablement le cadavre du père. Quatre ans plus tard, une fois l’enfant acquise dans la loi comme dans les cœurs, tombe l’affreux cas de conscience de découvrir l’identité, comme la proximité, de la mère biologique, et l’accablante histoire du fameux naufrage.
Cette épopée sensible s’adresse aux amateurs de romances, vertus, maternités et violons. Certes les dénouements sont un peu trop attendus, mais l’intérêt réside dans les cheminements évolutifs des personnages, les enjeux changeants, les différentes amours, les sentiments de chacun, la mise en scène et le jeu des acteurs, qui offrent un beau moment de sentimentalisme et de plongée dans les personnages. Parfaitement interprétés par de très bons Michael Fassbender, comme d’hab., Alicia Vikander et Rachel Weisz, et ce malgré un sujet qui n’est pourtant pas ma tasse de thé, la maternité, l’aventure nous embarque dans une fresque où tous, y compris le papa décédé, sauront poser respectivement leur pierres à l’impossible édifice. Ce roman adapté à l’écran est gouverné par la conscience et la responsabilité, le sens du sacrifice, et surtout par la dignité, le triomphe, la douleur et la légitimité inhérents à l’amour.