Corps en sursis
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Certains films ne font vraiment rien pour brosser le spectateur dans le sens du poil et « Une vie violente » fait clairement partie de ceux-là. Thierry de Peretti nous plonge en immersion totale dans ce que pouvait être la jeunesse du FLNC (Front de Libération National Corde) de la fin des années 90 avec un réalisme documentaire excessif qui en oublie parfois le septième art. Que le spectateur ne s’attende pas à entrer dans la salle et être diverti, ni même à découvrir un film d’auteur intéressant et sérieux mais qui permette néanmoins de se détendre. Il n’en aurait pas pour son argent ! Dès le premier quart d’heure, il faut faire un effort considérable pour ne pas décrocher de cette incursion opaque et dense dans le banditisme nationaliste corse qui ne tend jamais la main à son public. C’est fort bavard, il y a beaucoup de longueurs et c’est très statique, le risque de rentrer dans la torpeur ou l’indifférence est donc grand.
Les plans sont généralement fixes, la musique peu présente et la caméra se tient souvent à distance. On a vraiment l’impression que le cinéaste était présent lors de ces réunions des indépendantistes corses entre eux ou en famille mais également lorsqu’ils perpétraient leurs assassinats. Cette précision documentaire a pour résultat un réalisme stupéfiant, d’autant plus que tous les acteurs sont des non professionnels inconnus du grand public et qui plus est du cru (accent corse compris). Mais ces choix artistiques radicaux sont à double tranchant. Les discussions sont parfois inaudibles, le scénario est tellement complexe qu’on ne comprend pas ce qui se passe dans les détails et qu’on s’accroche pour le suivre a minima dans les grandes lignes. Quant aux personnages et leurs prénoms, ils sont tellement nombreux qu’ils en deviennent tous interchangeables à nos yeux hormis le protagoniste principal. Si l’on espère voir un film mafieux classe et élégant comme « La French » ou un pendant corse de la saga sicilienne du « Parrain », on repassera. On est dans une recherche de véracité la plus totale qui est à saluer mais qui se manifeste au détriment du plaisir du spectateur et de sa compréhension des faits. Il y a de l’ambition mais surtout un manque flagrant de didactisme que même le public corse pourrait reprocher.
On avait découvert Thierry de Peretti avec le prometteur « Les Apaches » et son univers singulier où une bande d’adolescents procrastinaient lors de l’agitation de l’été Corse. Un film d’auteur envoûtant avec lequel cette « Vie violente » tranche clairement. Ici, le metteur en scène se fait maître d’histoire en évoquant le problème majeur d’une région qu’il connait sur le bout des doigts et en politisant son cinéma. C’est d’ailleurs, sur le fond, lorsque des personnages manigancent entre eux, débattent de leurs valeurs ou parlent de l’indépendance de la Corse que le film montre son versant le plus pertinent. Que ce soit les piliers d’un clan qui discutent de la meilleure manière de se battre contre l’Etat français ou la seule scène où les femmes prennent la parole sur « la règle du sang », on comprend toute la législation parallèle en cours sur l’Ile de Beauté à cette époque. Mais c’est trop peu pour rendre ce film passionnant, au contraire il est juste plutôt fatiguant et particulièrement abscons. On aimerait juste disposer de la version cinéma « pour les Nuls » de manière à comprendre et réellement plonger dans ce qu’on a voulu nous raconter.
Créée
le 11 août 2017
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