Fort de son chatoyant étirement zen, consistant à s’appesantir sur la splendeur des grandes plaines Mongoles, montrant la vie d’une famille d’autochtone, plantée là comme une sorte de vestige d’un temps révolu, Urga est une belle proposition de cinéma non dénuée de défauts inhérents à un jeu souvent excessif des interprètes, un script de circonstance et de quelques idées mal exploitées. Mais que la nature est belle quand elle offre ce bel horizon inaccessible.
Posant sa caméra dans les grandes plaines herbeuses balayées par le vent, Mikhalkov réussit une belle démonstration dans les formes, usant du grand angle pour rendre grâce à cette vie sauvage pas encore déstructurée par le modernisme. Sa jolie peinture un chouïa folklorique de cette famille d’autochtone de la steppe, aurait mérité un traitement moins édulcoré et finalement tronqué par la fausse idée du regard du quidam bourré qui vient se confronter à la vie sauvage avec ces grosses bottes boueuses. Ne faisant pas vraiment dans la retenu, le réalisateur préfère trop souvent se focaliser sur une sorte de second degré décadent qui finit par devenir récurrent et en oublie d’exploiter les quelques idées qu’il tentait de faire naître quelques instants avant.
L’arrivée à cheval de l’autochtone dans la ville est une excellente idée qu’il filme avec panache et un second degré franchement bienvenu. Arrivé chez l’homme « civilisé » pour venir acheter des préservatifs, il repart avec une télévision. Objet de fatalité qui finira par achever les fastes de cette vie de bohême dans les plaines où jadis le grand Khan paradait fièrement, et regardait dans cette lucarne aux angles obtus, cette boîte à fausses idées, le panache de la grande chevauchée devenir le folklore d’un temps révolu.