Pour notre plus grand plaisir et nos plus belles nuits blanches.

Grosse attente de cette année après le succès de Get Out et une bande-annonce mystérieuse et alléchante au possible, Jordan Peele frappe à nouveau fort avec sa deuxième réalisation. A la fois référencé par des clins d'oeil à des films d'anthologie du genre horrifique et totalement inédit par sa façon de confondre l'effroi avec une réflexion sociale et politique, Us a deux couches de lecture.
La première, extrêmement jouissive pour les amateurs de frissons, se savoure par le sens du rythme et la maitrise du suspense de Jordan Peele. On sent que rien ne lui échappe, qu'il aborde la figure du double maléfique sous un axe sensé et universel, et qu'il dynamise l'ensemble par une ambiance sonore anxiogène phénoménale. Plus sanglant que Get Out, la violence s'avère ici bien plus nécessaire que gratuite. Ce conte qui transgresse les lois de la nature réveille la chaire de poule qu'on avait pas eu depuis longtemps face à un cinéma de cet acabit. C'est dérangeant, sans pitié, tout en restant au final mystérieux et intriguant, laissant ainsi de nombreuses questions en suspens.
Néanmoins, si on regarde au-delà de la performance saisissante de ces acteurs qui jouent chacun deux rôles, l'un quotidien et l'autre beaucoup plus physique et singulier, on décèle dans ce Us un regard porté sur l'Amérique d'aujourd'hui. D'ailleurs, la double lecture est véhiculée dès le titre, "Nous" mais aussi "US", United States. Ca parle d'une vengeance du passé, des erreurs irréparables des anciennes générations qui s'abattent sur la nouvelle, mais aussi plus allégoriquement, les migrants, la lutte des classes et la passivité de chacun face à ce qui l'entoure... Chacun y lira autre chose et c'est cette porte ouverte à la réflexion, sans idée imposée, qui fait de Us un grand film, au-delà du simple genre horrifique.Personnellement, la question du double est extrêmement troublante et bien amenée. Jordan Peele rappelle ici que notre pire ennemi réside en nous-même. Ce regard psycho-philosophique secoue une peur profonde et enfouie. En effet, on aime penser que la faute vient toujours de l'extérieur, des autres et Us vient requestionner ce constat imposé par la société, par notre soif de reconnaissance, de compétition et de bien-être personnel.
Us n'est pas sans imperfections. Il y a quelques incohérences assez évidentes qui auraient pu être évitées, des réactions typiques de film d'horreur qui auraient pu être mieux contournées. Mais heureusement, la performance des acteurs est captivante ! Lupita Nyong'o est bluffante du début à la fin, tout comme Elisabeth Moss, glaçante, et les enfants qui ajoutent de la férocité innocente à toute cette violence. Winston Duke, quant à lui, apporte une bonne dose d'humour qui permet de contre-balancer la lourde tension permanente que Jordan Peele sur-maitrise du début à la fin.

alsacienparisien
8

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Créée

le 27 mars 2019

Critique lue 202 fois

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