Après son Get Out plébiscité (à juste titre), Jordan Peele sort de sa manche un second film d'épouvante-réflexif avec un casting majoritairement de couleur. Mais Jordan Peele veut nous en dire trop, trop vite, et finit par nous perdre dans son discours (déjà qu'il faut suivre le premier degré de lecture du film pour comprendre ce qu'il arrive à cette famille... Pas forcément évident avec la pléiade de rebondissements narratifs). On ne sait donc pas trop s'il voulait dénoncer les forces de l'ordre qui "laissent mourir" les personnes de couleur (ils n'arrivent jamais à leur secours, on entend la chanson Fuck Da Police en entier...), s'il voulait insister sur cette impression d'être underground quand on est noir aux États-Unis (voire même des
marionnettes interchangeables et manipulables par tous
), si l'on devait plutôt comprendre une introspection sur la part d'ombre qui habite chacun d'entre nous, avec une thématique du masque dont on ne comprend pas la place et où cela nous mène... Bref, le discours part dans tous les sens, et peut-être que le fait d'avoir vu Get Out ne nous a pas aidé en ce sens, en cherchant des satires politiques là où il n'y en avait finalement pas (mais allez savoir...). Alors, si l'on sort de cette envie de creuser le propos du réalisateur, on tombe sur un film à rebondissements très (trop) copieux, dont le dernier est de trop (surtout que l'on avait deviné dès le départ qu'il s'agissait
du double de la jeune fille que l'on suivait
... Mais espérant s'être trompé, et non), dont le niveau d'effroi se situe au ras du sol, avec de nombreuses approximations de logique (
non, on ne peut pas survivre en ne mangeant que du lapin, et où ont-ils trouvé tous ces ciseaux ?
) et dont les actions dénuées d'intelligence des personnages nous font crier au scandale (ils foncent tête la première dans les dangers, systématiquement). Heureusement, le casting est très bon (surtout Lupita N'yongo qui excelle dans les deux rôles qu'elle tient) et l'on peut dire que le scénario est original...à défaut d'être complètement compréhensible. Inutile de chercher toujours plus compliqué pour épater : parlons peu, parlons bien.