Le cul par-terre !
Ce twist final incroyable est celui qui, jusqu'à présent, m'aura totalement possédé sans qu'un instant je pense me faire avoir. Comme un bleu LeDosFin. Schtroumpfisé !
Ce polar captivant et qui prend son temps provoqua en moi une nouvelle attente : la promenade totale. Le tour du grand parc avec la truffe au vent. Parce qu'à la fin y a une surprise.
Mais rien n'y a jamais fait, ni avant ni après, même avec les plus célèbres films à twist. Sans parler de tout ceux qui se voient eux-mêmes venir, même Psychose, Sixième Sens ou autre Swimming Pool n'ont pas eu cet effet sur moi.
Les fesses à même le sol !
Faut dire que la préparation est parfaite. Sans accro. Comme un plan à la Verbal Kint.
D'abord y a une légère confusion. Des cadavres flottent déjà autour d'un bateau encore fumant de l'incendie qui l'a ravagé. Des arrestations ont déjà eu lieu. On prend l'affaire en cours. Un témoin-clé ayant négocié son immunité intéresse un flic qui traque l'un de ses complices présumé depuis longtemps. Le flic arrange une rencontre en off qui prend des tournures d'interrogatoire en règle. Il veut des réponses. Verbal Kint, un gangster handicapé, va alors lui conter son histoire.
Après c'est plus clair. Des flash-backs vont nous permettre de tout comprendre à l'intrigue. De la rencontre étrange de ces gangsters pendant une garde-à-vue. Jusqu'à la tuerie du bateau du début.
Durant le récit de l'infirme, un nom relevant de la légende du monde criminel apparaît. Kayser Sozé. Sorte de présence impalpable semblant tout contrôler de loin mais aussi figure de Père Fouettard chez les méchants gangsters. Quelque chose entre Skynet et Voldemort.
La sobriété et la maîtrise de la mise en scène accompagne parfaitement ce scénar à tiroirs. Le casting de cette bande de malfrats déterminés et acculés par les évènements, est une réelle plus-value. D'un Gabriel Byrne ténébreux à un Benicio Del Toro encore débutant, c'est le talent de Kevin Spacey qui se révèle au grand jour. Côté forces de l'ordre c'est Chazz Palminteri qui apporte sa caution qualitative.
Avant de s'en aller vers des horizons super-héroïques, Bryan Singer démontre son efficacité dans le thriller. Bien aidé par un scénario complexe mais brillant de Christopher McQuarrie.
Je me souviens de l'étrange silence régnant dans l'habitacle de la voiture sur le chemin du retour. Après les interjections et l'enthousiasme général de notre bande de potes qui sortait de la salle heureuse de s'être fait promener aussi magistralement, ce silence tranchait tout net. Je suppose que nous nous repassions le film, tentant de dénouer mensonges et vérités. Trouver l'instant fragile de l'édifice, et le démonter. Sans succès.
Il y eut d'autres visionnages. C'est d'ailleurs l'un des rares film à twist que je peux revoir (avec Psychose) à l'envie sans que le plaisir de "Savoir" ne me réfrène. Pour déceler les coquilles et les indices disséminés dans l'image et les dialogues. Et puis la sensation d'être complice de l'arnaque devient très agréable. Il reste même quelque chose de la primo-surprise lorsqu'une main se détend avant d'allumer une cigarette. Un plaisir coupable constatant le regard déboussolé de ce flic dans les dernières secondes.
Chef-d'œuvre qui laisse sur le Culte !