Signe Kaya's eyes
22 juillet 2011: le parlement d'Oslo est le théâtre d'un attentat. Au même moment sur l'île d'Utoya à une centaine de kilomètres, Kaya, sa sœur Emily et 300 autres jeunes membres du parti travailliste sont réunis pour un congrès en forme de camp scout. Ils ne se doutent pas qu'ils allaient recevoir une visite policière des plus déplaisantes. Nous suivons en temps réel Kaya durant l'assaut.
S'il est un attentat qui a profondément marqué la décennie en cours, c'est bien l'attaque de l'île d'Utoya. Et des l'entame, si vous ignoriez tout de l'assaut, vous êtes tout de suite mis devant le fait accompli. Et c'est là que Pope frappe fort: "on a beau avoir lu les journaux, je ne vais pas vous servir un film politique ou un blockbuster d'action. Je vais vous raconter, avec des noms fictifs mais en me basant de témoignages de survivants l'enfer vécu.
Le résultat est sidérant: aucune musique, aucun zoom ou effet quelconque. Nous sommes littéralement participants du congrès et donc pris au piège. Et cette seule pensée fait littéralement froid dans le dos.
Dans le même style, Éléphant de Gus Van Sant m'avait laissé totalement froid car l'on vivait le massacre de Columbine sans état d'âme ni quelconque accusation du point de vue du tueur. Ici, l'expérience suggérée est bien plus saisissante : l'horreur est uniquement audible, à une exception près (séquence du reste marquante); dans le rôle de Kaya, l'inconnue Andréa Bernsten nous sort tout simplement la performance féminine de l'année; la lenteur apparente des secours après le premier téléphone d'appel à l'aide interpelle. Et surtout, l'on ne voit qu'une fois l'auteur du massacre que je me refuse de nommer et l'unique son musical du film est une espèce d'illumination. Et je ne vous mentionne pas l'avant-dernière séquence qui, 45 minutes après être sorti de salle, m'est toujours ancrée.
A recommander vivement... Merci M.Pope
PS: film déjà sorti en Suisse et étrange que seulement en janvier en France. L'aurai conservé à notre date