Depuis son adolescence et ses débuts au théatre, Val Kilmer a très souvent filmé le monde qui l'entoure, celui du cinéma en particulier, ainsi que sa vie personnelle, dont on sait qu'il a eu un cancer de la gorge au milieu des années 2010. Ce qui lui donne désormais cette voix passée au papier de verre, et ce documentaire est quelque part un testament de l'acteur, qui est pourtant toujours bien vivant.
Narré par son fils Jack, qui parle en tant que Val Kilmer, ce documentaire avait tout pour me plaire, avec des images souvent drôles, comme voir les fesses de Sean Penn et Kevin Bacon au théatre, mais surtout d'une grande mélancolie, comme si on voyait l'histoire d'une vie en 110 minutes. L'enfance de Kilmer fut frappée d'une tragédie, celle de son frère noyé après une crise d'épilepsie, et il voudra ensuite être acteur pour le théatre, avant que le cinéma ne lui propose un premier rôle avec Top Secret, film qu'il ne comprend toujours pas à l'heure actuelle. C'est ponctué des souvenirs narrés de manière chronologique, avec bien entendu des passages assez forts sur Top gun, Willow (où il rencontrera sa future épouse avec qui il aura deux enfants), The doors, Batman forever, Heat, L'île du docteur Moreau (qu'il a voulu faire uniquement pour se mesurer à l'imposant Marlon Brando, et il divorcera au cours du tournage), pour finir sur son projet de rêve ; incarner Mark Twain sur scène. Au départ pour payer ses dettes ainsi que son divorce, mais aussi parce que la vie de l'écrivain ressemble étrangement à la sienne. On voit des extraits où, maquillé, il narre la vie de l'auteur, jusqu'à intervenir dans le public, et il avait le projet d'écrire un scénario pour le cinéma. Jusqu'en 2015 où une perte de voix, puis des analyses montrent qu'il a un cancer de la gorge, dont il s'en sortira au prix d'une grande souffrance et la perte partielle de sa voix, où une trachée lui impose désormais de porter un appareil autour du cou afin de pouvoir parler avec grande peine.
Si les archives qu'on voit sont parfois étonnantes, une engueulade avec le réalisateur John Frankheimer sur le docteur Moreau ou une déclaration d'amitié à Kurt Russell durant Tombstone, j'avoue avoir été gêné par la forme qui ressemble vraiment à une pierre tombale, comme si Val Kilmer n'était déjà plus parmi nous. Dans les scènes du présent, malgré ses pitreries, on voit bien que c'est un homme qui souffre de sa condition, qui part s'isoler dans un coin durant une projection de Tomstone dans le Texas pour pleurer sur ce qu'il est devenu, ainsi qu'une séance d'autographes à la limite du pathétique durant une Comic-Con où des fans lui tombent dessus pour lui faire signer des autographes avec la photo de son personnage de Top gun, Iceman, de manière presque routinière.
Aujourd'hui, l'acteur s'est plus ou moins reconverti vers la peinture ou la poésie, mais c'est peut-être une manière de fuir la réalité, car si on excepte son rôle dans la suite de Top gun, où sa voix sera reconstituée à l'aide d'une intelligence artificielle, sa carrière est désormais terminée alors qu'il n'a qu'une soixantaine d'années.
De plus, l'acteur (et producteur) n'a sans doute pas choisi les extraits au hasard, se donnant la plupart du temps le beau rôle alors qu'il est réputé pour être difficile sur les plateaux. Tout cela fait que d'une bonne attente sur cette autobiographie filmée, j'en ressors au fond un peu déçu.