Après Malavita et Lucy, on craignait que Luc Besson ait totalement renoncé aux ambitions visuelles et technologiques qui furent les siennes depuis le début de sa carrière. Et de ce côté-là, Valérian est indiscutablement une réussite. Le réalisateur, producteur et scénariste le plus en vue de France n’a pas lésiné sur les moyens et cela se sent à chaque instant. Le boulot accompli par les équipes d’ILM et WETA est de très bonne facture et n’a quasiment jamais à rougir devant le tout-venant du blockbuster américain. Loin de l’indigence technique de ses dernières réalisations, Besson retrouve ici son statut de fer-de-lance d’un cinéma hexagonal ambitieux, décidé à jouer pied à pied avec Hollywood. Et malgré quelques ratés (notamment les incrustations), le gigantesque bestiaire du film tient la dragée haute à une bonne partie de la production nord-américaine...


Il ne fait aucun doute que l’argent s’affiche à l’écran, malgré le goût inné pour le kitsch du réalisateur du Cinquième élément. Le ton Besson, celui d’Arthur, malheureusement, tend à rendre l’exercice parfois un peu artificiel, factice, voire franchouillard. Valérian à l’écran n’a jamais la prestance d’un Star Wars ou la fluidité de La Stratégie Ender, qui a pourtant coûté bien moins cher. Il ressemble à la fois aux couleurs du clip-écran vert que Besson signa pour Madonna (Love Profusion, très laid) et à la trilogie des lutins souterrains dans laquelle l’auteur s’était égaré pendant près d’une décennie, au détriment de son talent de conteur ludique pour adultes (Le Grand Bleu, Nikita, Léon, respect !)...


Hélas, cette recherche d’efficacité, pour effective qu’elle soit, ne peut pas masquer très longtemps les faiblesses de l’ensemble, à commencer par un scénario et une caractérisation des personnages complètement à la ramasse. Entre un jeune dernier dont l’unique motivation demeure une gratification sexuelle hypothétique, un second rôle féminin pensé comme un trophée en combi moulante et une tripotée de stars transformées en vignettes Panini, difficile de s’attacher à qui que ce soit. Odieux ou transparents, les protagonistes ne sont pas aidés par leurs interprètes. Dane DeHann fait ce qu’il peut, mais semble toujours sur le point de (mal) terminer la digestion d’un burrito, quand Cara Delevingne échoue (une fois de plus) à transmettre quelque émotion que ce soit, malgré un jeu de sourcils à l’intensité dramatique inédite...


La séquence dansée de Rihanna, dont le personnage, Bubble, sera sacrifié une fois devenu inutile, témoigne bien de cette tendance lourde : extraterrestre capable d’adopter la forme de son choix, Bubble se trémousse lascivement devant Valérian en alternant ses différents costumes (écolière sexy, femme de chambre, etc.) qui sont autant d’images figées susceptibles d’émoustiller son auditoire. Bubble, c’est ici le film lui-même, un show spectaculaire où se télescopent des images génériques. La scène met dès lors en avant la tendance de Besson à l’imagerie, mais aussi le goût de l'illusion qui gangrène sa mise en scène. Valérian risque donc de mettre tout le monde d’accord sur un point, un tel budget pour pareille histoire ? Les plus patriotes des Français feront de la projection un effort national, les autres retourneront voir le drame de guerre de Nolan, c’est à peu près ce qu’il y a de mieux dans le grand spectacle contemporain à Hollywood !!!

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le 7 août 2017

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Yoann_Carré

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