Les américains ont plusieurs expressions pour parler d'un geste artistique difficile à reproduire: Lightning in a bottle ou encore Lightning never strikes twice at the same spot. D'aucun parle d'un geste original, de la part de Luc Besson, pour son nouvel opus, Valérian et la Cîté des Mille Planètes mais je dois avouer qu'en fait d'originalité je n'ai trouvé qu'un tentative de recapturer l'éclair fun et décomplexé du film Le Cinquième Element par le biais d'Avatar. Beaucoup disent que Besson, le plus américain des réalisateurs français, est un auteur doté de la capacité d'inventer et de réinventer le blockbuster original, dans un monde de suites, de préquelles et de reboots. Besson n'a jamais été pour moi qu'un brillant remixeur d'idées dont la capacité à sampler les idées dans l'air du temps ont, dans le meilleur des cas, généré des films de divertissement mémorables et décomplexé, et dans le pire des bouillies infâmes où l'hyper-producteur perd ses personnages et l'intérêt du spectateur. Malheureusement, Valérian n'est que la dernière victime collatérale de cet ogre français de l'absorption et de la régurgitation. Ici, AvatarGuardians of the Galaxy, dans cette ville, la citadelle de Mass Effect les références s'accumulent et l'esprit de la lettre et de la bulle se perdent. Tel un JJ Abrams à la française qui ne comprend pas l'intérêt des éléments fondateurs des mythologiques avec lesquels il joue, Besson se prend les pieds dans la fonction et la représentation de son film. Si l'on peut arguer du fait que Valérian est bien une source originale de science fiction qui a semé ses graines dans les esprits de George Lucas, Ridley Scott et Tarkovsky, c'est nier le fait que la primauté de l'usage des thèmes et visuels dans médium cinématographique appartient à Star Wars, à Blade Runner, à Solaris et aux autres créations et que leurs réalisateurs visionnaires nous ont donné à voir. Si l'on veut se remplir les yeux d'une vraie concrétisation des rêves dessinés des créateurs de Valérian, c'est par ces films, bien supérieurs, que ça passe


Tout n'est pas à jeter dans cette odyssée farcesque aux héros pourtant fadasses: Il y a bien deux scènes qui attestent du talent que l'on décèle encore chez Besson: la première authentique scène d'action qui se déroule dans un bazaar sur une autre dimension, prétexte à un ingénieux jeu de réalité virtuelle, de superposition d'espaces au service d'un comique de geste qu'on croirait originale. La deuxième scène notable, qui donne à voir un peu de cette folie du réalisateur de Subway qui nous manque un peu, concerne le personnage de Bubble, incarné avec une sincère candeur par Rihanna. Malgré le diffus sentiment de perdition qui peut saisir le spectateur, après une heure et demi d'un scénario anémique qui a décidé de pomper A.I. le temps d'une vignette, ce passage restitue un peu du cœur de Luc Besson. Il reste cependant troublé par les possibilités offertes par son équipe artistique et avec Bubble, se prend le pari, d'introduire un épisode de série télé tout droit sortie d'une bande dessinée, et dont l'impact sur l'intrigue principale est proche de zéro.


L'impact de Valérian sur les blockbusters actuels sera également proche de zéro, et le film risque bien de s'aspirer dans son propre tour de verre. On se souviendra probablement de Valérian comme du John Carter de 2017 ce qui, vu l'argent, les équipes créatives et la bande dessinée à l'origine, est quand même, comme dirait Jodie Foster dans Contact: "Un sacré gâchis d'espace"

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le 10 août 2017

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