Difficile à noter, ce « Valérian », ces six étoiles me paraissant être la note la plus appropriée, sans pour autant me satisfaire totalement. Car dans ce film, il y a presque autant de belles choses que de loupés. Pourtant, j'y ai vraiment crû : introduction sur « Space Oddity », une belle scène d'ouverture narrant avec inventivité et humour l'évolution de l'espace sur plusieurs siècles,


la destruction de la planète Mül...


Il faut aussi préciser que toute cette partie était quasiment muette, ce qui ne dure malheureusement pas longtemps. Luc Besson doit ENFIN se rendre à l'évidence : les dialogues, ça n'est pas son truc. Alors dans une série B d'action, passe encore, mais pour une production SF aussi ambitieuse, cela se ressent très vite.


Les exemples sont nombreux, des personnages principaux aux secondaires, le plus criant restant toutefois la relation entre Valérian et Laureline, le manque d'ambiguïté dans cette dernière comme ces disputes de cour de récré finissant vite par lasser (Cara Delevingne bien meilleure toutefois qu'un Dane DeHaan très décevant). Et je ne parle même du méchant incarné par


le pauvre Clive Owen,


peut-être parmi ce que j'ai vu de pire ces dernières années... Le scénario n'est d'ailleurs pas non plus un modèle de rigueur, que ce soit dans la narration ou dans certains « rebondissements » pour le moins prévisibles, les maladresses et seconds rôles mal exploités ne manquant pas non plus, même les scènes d'action n'étant pas toutes aussi réussies qu'espéré...


Tout ça est manifeste, mais on est chez Besson et on ne pourra pas reprocher à l'œuvre de ne pas être à son image. Son univers est foisonnant, il tente pleins de choses, se loupe, donc, en réussit d'autres, notamment à travers ces effets spéciaux fort numérisés mais nous offrant un spectacle d'une générosité absolue, où on sent que le bonhomme s'est fait plaisir à créer un nombre de décors et de costumes (presque) incalculables. S'y plonger a quelque chose de salutaire, l'auteur du « Cinquième Élément » réussissant le pari de nous offrir un monde aux possibilités infinies, dont certaines ne seront qu'entrevues


(à l'image de l'impressionnante scène où le héros traverse différents « murs » pour atteindre à temps sa destination).


Enfin, malgré ses défauts criants, le récit a au moins le mérite d'être presque pensé comme des montagnes russes, s'éloignant avec bonheur des formules éculées des blockbusters de super-héros pullulant ces dernières années, pour une approche moins linéaire et surtout plus surprenante, l'ami Luc s'essayant même au discours humaniste concernant l'actualité (référence à peine voilée concernant


la crise migratoire avec le personnage de Bubble,


suivant un numéro de Rihanna aussi futile que plaisant pour les yeux). Voilà, il y a de tout dans « Valérian et la Cité des mille planètes », comme si Besson avait résumé toute sa carrière en un seul titre : de la maladresse, un manque de maturité, d'énormes problèmes d'écriture, mais de l'ambition, de la sincérité, de la générosité, du cœur et beaucoup d'idées (plus ou moins bonnes, donc) : au vu de l'attente, du matériau d'origine et de la promo mastodonte, on pouvait s'attendre à mieux, n'empêche qu'il serait dommage de découvrir le film le plus cher de l'Histoire du cinéma français ailleurs que sur grand écran.

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le 5 mai 2018

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Caine78

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