C'est un film avec une actrice en surchauffe et un acteur obèse mais gracieux. En téléportant Huppert et Depardieu dans la Vallée de la mort, Nicloux les met à nu, les regarde, les observe et les aime.
Duo de désert et de mort, Valley of love nous renvoie l'écho lointain du sublime Gerry, The unanswered questions de Charles Ives sublimant le film comme le faisait Spiegel im spiegel d'Arvo Part pour Gus Van Sant. La parenté est là, Guillaume Nicloux faisant d'un décor naturel transcendant le troisième personnage du film, se nourrissant de l'imaginaire américain des grands espaces pour injecter à son récit une subtile dose de fantastique.
La mise en scène est superbe, le montage brillant, le rythme maîtrisé. Mais, trop bavard et parfois trop théâtral, le film s'écoute un peu trop et se perd de temps en temps, n'arrivant jamais à atteindre le sublime auquel il pouvait prétendre.
Questionnement lucide et teinté d'humour sur l'acte d'aimer et celui d'enfanter, rappelant les mystères insondables de la parentalité (et tournant le dos à tous les clichés afférents), Valley of love travaille frontalement le deuil, la mémoire et la culpabilité.
Le film ne serait pas ce qu'il est sans des interprètes qui sont aussi les personnages du récit dans un jeu habile de dédoublement et de miroirs. Le duo se nourrit de son histoire passée, des films déjà partagés, de sa familiarité avec le public et se donne sans compter. Si Huppert est régulièrement trop en force et un peu fausse, Depardieu est éblouissant de bout en bout. On oublie ses récents débordements pour se laisser bercer par son incroyable présence.
Avec Valley of love Guillaume Nicloux distille l'intime et l'insondable dans une partition inégale mais envoûtante, une petite musique qui fait du bien.