C'est qu'à force de voir les frasques de la vie personnelle de Monsieur Depardieu un peu partout dans les médias (et vas-y que je pisse dans l'avion et que j'en fous partout, et vas-y que je m'expatrie, et vas-y que je suis bourré H24 et que j'ai clairement mangé trop de sangliers), j'en étais presque arrivé à oublier à quel point c'est un grand acteur. Il y a beaucoup de sensibilité, de masculinité, d'humour, de fragilité qui se dégagent de lui dans ce film et même s'il est gros et suant et répugnant, eh bien j'en suis tombé amoureux et il m'a touché. Face à lui, on retrouve Isabelle Huppert très spontanée mais complètement hystérique et détestable, le genre de personnage féminin qui pousse à la misogynie, tant elle transfère ses angoisses sur son partenaire et sur le spectateur. Ses crises à répétition m'ont clairement fait grincer des dents du fond de mon fauteuil de cinéma : qu'est-ce que ce mec fait avec cette femme ? Couple hautement improbable, heureusement qu'ils ont rompu, mais animé par le même amour pour leur fils.
Et donc ils se baladent tous les deux dans ces paysages arides à la recherche de signes de leur fils mort et d'un peu d'ombre et de clim dans des motels miteux. Ça aurait pu être un film de Gus van Sant, Gerry pour ne pas le citer, tellement je me suis fait chier parce que quand t'es dans le désert, depuis trop longtemps, tu t'demandes à qui ça sert toutes ces règles un peu truquées du jeu qu'on veut t'faire jouer les yeux bandés... Mmm pardon je m'égare, oui donc là où Gus filmait l'amitié dans un film minimaliste avec une virtuosité genre poème ou tableau de maître, Guillaume Nicloux filme l'amour et le deuil avec des incursions de fantastique pour un rendu très spirituel et métaphysique. Alors c'est bien beau tout ça mais je me suis quand même bien fait chier... Ça raconte pas grand chose mais j'ai pris plaisir à suivre Depardieu et Huppert dans leur quête mystique, même si j'ai eu envie de baffer cette grognasse, et même si j'ai préféré suivre Matt Damon et Casey Affleck dans leur bromance (ça y est on peut me cataloguer comme gay misogyne avec cette phrase...).
En tout cas j'ai très envie d'aller aux Etats-Unis visiter l'immensité de la Vallée de la Mort après avoir vu ce film. Et Depardieu y est monstrueux, dans tous les sens du terme. Alors je mets un 4 sans réelle conviction.