Des choses gentilles à dire sur ce film :

Dès les premières minutes de Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, on sait que, sauf accident, on va voir quelque chose de sympa. Une fête d’anniversaire, un clown miteux du nom de Rico Berlingot, un tour de magie raté qui tourne de plus en plus mal pour son exécutant... En une scène, Ariane Louis-Seize asseoit habillement les enjeux, le ton, l’identité visuelle de son film.

Le passage éclair de Rico Berlingot est-il seul responsable ? Toujours est-il qu’il a été suffisamment traumatisant pour que Sasha (Sara Montpetit), jeune vampire de son état, se refuse toujours, alors qu’elle en mesure de voler de ses propres ailes et devrait pouvoir assurer son autonomie alimentaire, à vider de leur sang des innocents. L’épiphanie arrive alors qu’elle tombe sur une affiche sur la prévention du suicide : elle assurera sa subsistance grâce à ceux qui veulent mourir. Et c’est là que Paul (Félix-Antoine Bénard) entre en scène...

En transposant la figure du vampire à l’époque contemporaine mais surtout en lui appliquant un regard, des considération et des interrogations contemporaines tout en jouant sur les poncifs du genre, Ariane Louis-Seize n’offre pas forcément une proposition totalement inédite. Des regards neufs, parfois drôles, sur la créature et son adaptation à la société ou encore le traumatisme que représente sa condition, entre Vampires en toute intimité, la série Death Valley, Thirst ou même le très sympathique épisode de X-files, Le vampire a les dents longues voire encore Innocent Blood où il était question, déjà, d’un code de conduite pour satisfaire à la fois aux besoins alimentaires et aux scrupules..., depuis trois décennies, on en a connu quelques uns. il n’empêche, il se dégage quelque chose de vraiment rafraîchissant de son film...

Un peu peut-être parce qu’elle joue habilement avec les codes. Le fantastique s’efface rapidement au profit de la chronique adolescente, voire même du teen movie, autant parce que les protagonistes sont des ados (même Sasha du haut de ses 68 ans) et qu’il portent un petit fond de rébellion, que parce que la voie qu’ils suivent n’est pas sans rappeler, d’une certaine manière, des modèles du genre Dazed and confused. En effet, l’idée d’une dernière soirée de vengeance, parfois sous forme de blagues potaches, avant que Paul ne fasse don de son cou aux canines de Sasha et la manière dont elle est filmée ne détonnerait pas tant que ça dans un film qui retrace la dernière nuit que passe un groupe de lycéens avant d’ouvrir un nouveau chapitre de leur vie.

Un peu peut-être parce qu’elle emploie un ton particulier. Elle déploie en effet un humour noir assez fun, mais un peu aigre-doux aussi comme on dit, qui en plus de faire du bien, va, sur le plan narratif, traduire un décalage, un contraste, un déracinement... Sur la forme, ça va de la transposition d’une conversation parent/ado autour de la drogue mais avec de la nourriture au constat de Paul sur ses tendances suicidaires : « Je suis même né avec le cordon ombilical autour du cou »... Ce dernier élément tient d’ailleurs autant à l’écriture qu’à l’interprétation. Le casting est vraiment chouette, à commencer par Sara Montpetit et Félix-Antoine Bénard qui, dans les deux rôles principaux, mettent en valeur la délicatesse et la dynamique du script.

Bref un vrai plaisir de cinéma.

Hum... ce film ne compte assez d'ingrédients pour jouer au bingo avec une grille de 36 cases, mais voilà quand-même les 13 ingrédients repérés

Personnage > Caractéristique

Blues > Suicidaire – Souffre-douleur

Réalisation > Accessoire et compagnie

Ambiance > Toutes les lampes sont allumées – Tension > Lumières qui grésillent

Réalisation > Audio

Bruit générique > Chouette ou hibou

Scénario > Blague, gag et quiproquo

Est éclaboussé·e par un fluide – Ronflements

Scénario > Contexte spatio-temporel

Les teufs des ados ricains réunissent toujours au moins 300 personnes

Scénario > Élément

Titre du film énoncé dans le film

Scénario > Ficelle scénaristique

Deus ex-machina

Scénario > Situation

Enterre un cadavre discretos dans les bois à la lumière des phares de la bagnole – Réunion d’alcooliques/addicts anonymes

Thème > N’importe quoi

Stylé > Prend une graaaande inspiration avant de revenir à la vie

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Barème de notation :

  • 1. À gerber
  • 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
  • 3. On s'est fait grave chier
  • 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
  • 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
  • 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
  • 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
  • 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
  • 9. Gros gros plaisir de ciné
  • 10. Je ne m'en lasserais jamais

Créée

le 21 mai 2024

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