En fait, la vieillesse te tombe dessus, sans prévenir, et tu te retrouves vieux, généralement con en plus, et t'es bien emmerdé, parce que tu n'as rien vu venir, que ça te tombe sur le coin de la gueule en deux-deux, et ça fait chier.
Tu te dis, avant j'étais pas comme ça, j'étais certes déjà con, mais j'arrivais à m'emballer pour des trucs qui pouvaient être mal foutus et que souvent j'en aurais bien repris...
Je sais que déjà en salle, le film m'avait laissé un goût amer dans le gosier, que le sec James Woods ne m'avait pas convaincu en chef de meute, l'absence totale de fun aussi m'avait un peu rendu triste, car c’était voir poindre le cynisme, la lèpre de l'artiste, celle qui fait s'étioler le talent, en des lambeaux de chairs que tu laisses derrière toi, chez un metteur en scène que j'admirais par dessus tout.
J'avais eu de la peine, quand ce pauvre Jack Crow s'escrimait avec un pieu dans le palpitant d'un pauvre vampire, ressemblant étrangement à un immigré mexicain, bref, de la gêne.
Et quand y'a d'la gêne y'a pas de plaisir.
Alors oui, il y a des nanas topless dans ce film. Oui, ça rend hommage à Peckinpah, à Rio Bravo aussi, oui les gens d'Eglise sont des salopards qu'une promesse d'immortalité fait vaciller.
Oui, un Maître des ténèbres mange littéralement la choune d'une jolie blonde, coupe un Son of Anarchy en deux, ça manque de thune et c'est flagrant dans un paquet de séquences et c'est pas la première fois chez Carpenter, mais là, c'est comme si lui n'était déjà plus là, et si John n'est pas là, pourquoi moi je devrais m'extasier ?
Et puis ce Baldwin, excroissance porcine de la fratrie, qui pollue quand même pas mal l'écran de son absence de présence et de son regard bleu, mais si vide, plus, James Woods, que je déteste en fait, c'est trop pour moi, je préfère encore un ancien catcheur, c'est pour dire si je suis con...
Donc, c'est officiel, je suis un vieux con, aigri, cynique et un peu triste...
5.