En filmant les derniers mois de la vie tragique de Vincent Van Gogh, Maurice Pialat n’entendait certainement pas faire oeuvre de biographe scupuleux. Plus que du génial artiste hollandais, c’est de lui-même que Pialat tirait le portrait, lui qui fut peintre avant d’être cinéaste et qui partagea avec Van Gogh le sentiment d’être mal-aimé et incompris. Il dresse ainsi le portrait d’un homme frustré, tourmenté, blessé au plus profond de son être qui finit par s’isoler complètement en repoussant l’affection et la main tendue des rares personnes qui tentent de l’aider et de le comprendre. Famélique, revêche à souhait mais non dénoué d’humour et d’ironie, Jacques Dutronc était l’acteur parfait pour incarner de façon contemporaine le mythique artiste maudit. Formellement, le film est magnifique et la restauration numérique dont il a fait l’objet pour sa sortie en Blu-ray rend pleine justice à la photographie d’Emmanuel Machuel qui multiplie les allusions à la peinture impressionniste, sans toutefois tenter d’imiter le style de Van Gogh. Lequel Machuel confie dans un des nombreux suppléments de cette édition qu’il avait fini par craquer devant le caractère tyrannique de Pialat et qu’il quitta définitivement le plateau alors que le tournage touchait à sa fin.