A l'opposé du lyrisme de Minnelli, Pialat nous offre une vision sèche, brute de Van Gogh. Rien ne semble fantasmé ou nourrir le fantasme du spectateur. Van Gogh n'est pas le peintre maudit, sa folie n'est pas exaltée comme l'est souvent celle des créateurs. Van Gogh est un être humain certes torturé mais surtout peu aimable. Il est froid, cassant, manque de considération pour les autres même ceux qui lui sont le plus proche. Son frère n'est guère mieux, rongé par la jalousie. Malgré ces personnages a priori antipathiques, Pialat trouve le moyen de nous les faire aimer. Il les rend vivants.


Pialat semble également se désintéresser des tableaux de Van Gogh. Bien qu'il peigne à plusieurs reprises, les scènes sont courtes (à l'exception du portrait de Marguerite au piano annonciateur de la relation centrale du film). Sa caméra s'attarde peu sur les toiles. Le seul personnage du film qui s'intéresse aux toiles, le Dr Gachet, est un peu ridicule. Pourtant la peinture est présente tout le temps (mais pas forcément inspirée de Van Gogh). Pialat ne cesse de composer des tableaux avec sa caméra. Scènes de campagne bien sûr mais aussi scènes sur les bords de l'oise ou scène du bain.


Bref Pialat s'intéresse à l'homme et à ses relations bien plus qu'au peintre. Le film repose sur toutes ses tensions qui se nouent autour de lui. Avec son frère c'est un mélange d'amour-haine, de jalousie et de culpabilité. Avec le Dr Gachet c'est à la fois mépris et reconnaissance. Avec Cathy c'est un désir qui trouve un équilibre dans la position sociale, l'esprit de liberté et une certaine lucidité sur ce qu'ils sont. Et puis il y a Marguerite. Femme-enfant, ou plutôt enfant qui devient femme, qui s'offre totalement à lui, qui l'aime de la violence d'un premier amour, qui l'idolâtre. Relation qui voit son apothéose au cours d'une scène endiablée absolument jouissive dans un cabaret (ou un boxon ?).


avant de s'anéantir lors de la terrible rupture dans le train


Et puis vient la mort qui s'étire dans un minimalisme et une sobriété touchante, parfait contre-point des danses folles et du french-cancan.


Un film qui est passé, malgré sa durée, à la vitesse de l'éclair, et qui m'a laissé un long moment groggy, totalement noyé dans son univers et son atmosphère.

ghyom
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le 14 janv. 2017

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ghyom

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