Ah, ça, pour du remake... J'ai rarement eu l'occasion de voir un film aussi fidèle à son modèle ! Scènes régulièrement identiques, dialogues repris parfois au mot près : on ne croule pas sous l'innovation et l'audace, si ce n'est celui d'avoir misé sur un titre espagnol pour le coup extrêmement original et inventif. Le pire, c'est que même ce mimétisme assumé, Cameron Crowe parvient à le foirer. Il veut faire riche, que ce soit à travers l'image, la réalisation, le casting (même si Tom Cruise n'a jamais été aussi irritant). Quelques légères modifications bienvenues : l'aisance financière du héros est plus développée ici, sa relation avec sa « maîtresse » n'est pas tout à fait de la même nature, cette idée de s'être construit
un monde à travers des souvenirs d'enfance, notamment des pochettes d'albums ou des photos,
évitant le copier-coller intégral.
Reste qu'en plus d'être totalement inutile, « Vanilla Sky » souffre d'un changement de réalisateur lui étant particulièrement défavorable. À la mise en scène aérienne et poétique d'Alejandro Amenábar succède donc les gros sabots de Crowe, renvoyant systématiquement à quelque chose de beaucoup plus terre à terre, lourdaud dans l'écriture des personnages. Pourtant, je n'arrive pas à être totalement cinglant. C'est inutile, certes, mais au moins fidèle jusqu'au bout, et si ce projet a permis à un beaucoup plus grand nombre de découvrir cette histoire, c'est « regrettable », mais mieux que rien.
La bande-originale est formidable
(avec en bonus une chanson composée spécialement pour l'occasion par Sir Paul McCartney!),
mais beaucoup trop régulièrement en mode « random » pour séduire totalement. Aurais-je apprécié, ne serait-ce qu'un minimum, ce film si je n'avais pas l'original en tête ? Je ne saurais dire. Certains défauts me paraissent rédhibitoires, la plupart des rares changements jouant régulièrement en sa défaveur, rendant cet univers parfois très superficiel. Quel dommage de reprendre de brillants titres pour aussi mal se les réapproprier : je suis habituellement peu en phase avec cette expression, mais pour le coup, l'argent ne fait vraiment pas le bonheur.