SPOILER
'Vanilla Sky' propose deux niveaux de lectures différents. Suivant le degré de lecture adopté par le spectateur, on peut y voir un véritable nanar, ou bien un habile blockbuster sur le thème du songe et de la réalité.
Le jeu complètement hébété de Tom Cruise, son sourire parfait en toutes circonstances, la vie fantasmée de golden boy, les dialogues surréalistes, l'écriture naïve des personnages : tout sonne faux dès l'introduction. Plus encore que le cauchemar en introduction, la mise en scène à l'eau de rose semble nous mettre en garde contre les faux-semblants.
Une fois le doute établi, tout peut et doit être remis en question : les dialogues avec le psychologue, l'accélération de l'intrigue en fin de récit, le plan final répétant l'introduction, etc. Les pistes d’interprétation sont nombreuses et le spectateur est libre de trouver la sienne: rêves imbriquées à la manière de 'Inception', divagation d'un criminel devenu fou, lutte avec son subconscient dans un univers de science-fiction inspiré par 'Ubik' de Philip K. Dick, cauchemar dont il revient au spectateur de déterminer le début. Quelques indices dès les premières scènes permettent en effet à l'esprit d’échafauder les théories les plus farfelues, et c'est bien là la principale force de l'oeuvre.
De ce fait, la réalisation ne peut être jugé en tant que savoir-faire technique, mais uniquement sur sa capacité à entretenir le doute sur la réalité qui nous est présentée. Et force et de constater que les codes de la comédie dramatique, auxquels nous sommes pourtant accoutumés, suffisent à créer un miroir trouble de la réalité. La bande-originale, un peu trop éclectique et touffue pour créer des émotions durables, participe également à ce drôle exercice de style, où le fantasme créerait un pot-pourri de titres au gré des humeurs de David.
Evidemment, le film souffrira toujours de la comparaison avec 'Mullholalnd Drive' sorti la même année, mais il apporte néanmoins une variation intéressante et plus accessible au sujet. Une chose est certaine, 'Vanilla Sky' donne très envie de s'intéresser à 'Abre los ojos', l'oeuvre espagnole qui a inspiré ce remake (c'est d'autant plus intriguant que Penélope Cruz joue dans les deux films).
Une réflexion sur la réalité habilement caché dans un nanar hollywoodien.