Peter DOUROUNTZIS signe un premier long métrage d'une maîtrise formelle dingue, et s'offre le luxe grâce à un postulat et un point de vue sur son récit respecté de bout en bout du film, de laisser son spectateur dans un désagréable sentiment de culpabilité et de gène.


On suit les pérégrinations à Paris où il vient de débarquer sans travail, sans économies, sans point de chute, de Djé, dont très vite la nature parfaitement amorale et mauvaise nous est révélée, et pourtant en le suivant littéralement nous ressentons une forme d'empathie pour cet être toxique, dangereux, mais doté d'un magnétisme rare et d'un charme assumé et entendu. Le postulat scénique qui consiste à faire se dérouler les meurtres en hors-champ concoure lui aussi à créer en nous cette sensation de dualité dans nos ressentis, à la fois épouvante par ses agissements et son absence de réaction humaine, à la fois fascinés par son magnétisme animal.


Description brute du mâle dominant à la fois ordinaire et ici jusqu'au boutiste. Vaurien remodèle les codes du film de tueur en adoptant systématiquement le point de vue du bourreau. Les poncifs du genre sont balayés avec le culot d'un primo-réalisateur et l'essai est en plus concluant.


Pour tout vous avouer je n'aurais pas acheté ce film si le label "Cannes 2020" n'avait pas influé mon choix d'achat, mais franchement grosse claque, grosse surprise, à conseiller vivement.

Spectateur-Lambda
7

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le 31 oct. 2022

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