Comme dans l'un des films précédents de Jonas Trueba, le remarquable Eva en août, il ne se passe presque rien dans Venez voir.
On suit deux couples de trentenaires, d'abord lors d'une soirée dans un bar, puis lors d'une visite de l'un chez l'autre, quelque part dans la campagne près de Madrid.
La caméra s'attarde longuement sur les visages, baignés d'une lumière qu'on dirait irréelle, alors que les personnages ne font rien de spectaculaire (écouter un pianiste les yeux dans le vague, enfiler une paire de chaussettes plus chaudes, faire pipi dans la nature).
Certains, devant la pauvreté narrative du film et sa brièveté presqu'exagérée (1h04), trouveront probablement qu'on frôle ici l'arnaque conceptuelle d'un cinéma bobo-intello, précieux et vain.
D'autres, dont je fais partie, trouveront remarquable ce néant lumineux, captivés par la grâce de la mise en scène et de la direction d'acteurs.
Peu de cinéastes sont capables de faire surgir autant de subtilités de conversations banales : on pense évidemment à Rohmer, mais peut-être encore plus à Hong Sang-Soo.
2000 autres critiques sur Christoblog : http://www.christoblog.net