Risi a développé une véritable obsession pour les couples fragiles et les relations éclair, et cela continue de jeter un voile sur son ouvrage. La formule convenait pourtant bien, sur le papier, à un Sordi volubile et brillant, gondolier héritant de l'amour courtois mais insistant d'un Casanova reconverti dans le tourisme. Mais c'est un peu trop à supporter pour le scénario, qui peine à se sortir de sa frivolité pour faire plus que survoler ses concepts.
Malgré son côté éminemment romantique, il s'agit d'un film basé sur l'intimité entre ses acteurs plutôt que sur celle qui lie ses personnages. C'est ce qu'il faut arriver à voir pour apprécier une nouvelle fois comment le réalisateur laisse son œuvre s'imprégner de l'ambiance des villes italiennes qu'il visite, ici Venise. Elle aurait pu être davantage que le réseau de canaux mystérieux que l'on traverse sans y faire attention, toutefois c'est dans la nonchalance que se construit une intrigue bien campée dans l'air du temps, déjà habituée aux clichés sur les étrangers. Si le cœur du film bat trop vite, celui de Venise est déjà en train de trouver le rythme unique qui sera celui d'une ville aussi moderne qu'éternelle, jamais trop convenue pour le cinéma.
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