Je pourrais me contenter de dire que c'est de la merde et que Kechiche est le plus gros imposteur du cinéma français mais on nous matraque tellement avec chaque étron qu'il daigne nous pondre qu'il me faut contre-attaquer, c'est une question de santé publique.
L'histoire de Saartjie Baartman méritait largement un film, mais pas n'importe lequel et pas fait par n'importe qui. Si Kechiche s'est foulé un peu plus que d'habitude en livrant un film visuellement correct, il continue à faire preuve de son absence totale de talent en délivrant un amas de scènes d'une lourdeur rarement égalée.
Un peu à la manière de Samira Makhmalbaf dans son film l'Enfant-Cheval, Kechiche compense son incapacité à susciter la moindre émotion en étirant les scènes, les ressassant encore et encore pendant 2h40 où pas grand chose ne se passe. Après les deux premières scènes, déjà bien lourdingues, la messe est dite. Il n'y aura pas de développement, pas d'évolution si ce n'est la très prévisible vente de Saartjie à un mac.
Les scènes d'exhibition sont si répétitives, gratuites et inutiles qu'elles font passer la Passion du Christ pour un chef d'œuvre de subtilité. Au milieu, on voit l'actrice principale se rouler dans l'alcool et un ennui fort contagieux. Dans une ode à une femme brisée on ne l'a que rarement montrée aussi apathique, creuse, comme si tout c'était déjà joué avant le début du film et que l'on ne nous montrait que ce qui n'est déjà plus qu'un cadavre ambulant.
La Vénus Noire pèse sans toucher, et gêne par sa forme au lieu de son fond. C'est l'Elephant Man du pauvre, mais alors vraiment très très pauvre. Que des gens partent au début d'un film ça arrive, mais qu'ils partent vers la fin je ne l'avais encore jamais vu. Oui, les gens ne pouvaient plus supporter, non pas la dureté du propos (que l'on cherche encore), mais bien l'absolu ennui dans lequel nous plonge ce biopic colossalement raté.