Une TN, sneaker emblématique de la street wear. L'une si ce n'est la paire la plus emblématique des cités françaises dégueule bien malgré elle une belle créatrice de cauchemars à 8 pattes pointure 38.
Une image alternative de la campagne de promotion du film (bien meilleure à mon sens que celle, plus classique de l'affiche originale), voici l'unique image qui me donna instantanément l'envie de soulever mon fessier de mon doux canapé jusqu'au non moins confortable fauteuil rouge de la salle.
Autant le préciser immédiatement je ne suis pas arachnophobe...
Du moins je ne l'étais pas avant de visionner "Vermines".
Si comme moi, vous n'êtes (n'étiez) pas totalement horripilé par les araignée; si c'est le cas je pense en toute amitié qu'il sera difficile pour vous de passer les 30 premières minutes du cauchemar quasi permanent qu'est "Vermines"; je ne peux que vous encourager de tout mon mauvais goût de passionné de film de genre français, à vérifier l'intérieur de vos baskets préférées afin de les enfiler direction le cinéma consentant le plus proche.
"Vermines" est brutal, direct et n'hésite pas, souvent pour le meilleur, rarement pour le moins bon, à dépeindre un accident de grande envergure, à l'échelle de son budget très honorable de 4 millions de pesos francophones. La tour est attaquée par tous ses pores par une araignée particulièrement féroce, mais non moins plus fertile.
Je dois dire que le film s'ouvre avec une une première moitié fleurtant jouissivement avec le parfait. Une raison logique de ramener la petite (... ça se discute) bête dans son arène, des personnages mine de rien un peu profonds (pour ce genre de film on s'entend), quelques plans impressionnant sublimés par une bande son rap audacieuse et de bon goût (Osirius jack, Benjamin Epps avant 404 Billy, Hamza et Damso au générique de fin...), le cocktail pue le shit et l'envie d'en fumer du meilleur loin des bâtiments.
Rebondissant comme les bulls d'air d'une air max 90, "Vermines" parvient à pousser son délire au maximum. Ne s'embarrassant pas de cohérence au niveau de la durée intrinsèque de l'histoire (à vu de nez, 24, 48h maximum aux yeux des personnages) les araignées déferlent, s'infiltrent dans chaque scène plus rapidement qu'une pauvreté française s'amassant dans les tours. Les insectes prolifèrent, donnent l'impression de pouvoir interrompre chaque check point du film plus rapidement que prévu. Garder un souffle calme et continu devant "Vermines" s'avère un véritable challenge.
Franchement bien écrit, le film se voit par ailleurs sublimé par une ribambelle de plan marquant. "Vermines" n'hésite pas à poser occasionnellement sa tension pour mieux la laisser cavaler le long d'un mur ou d'un conduit d'aération pour le plus grand malheur de nos nerfs.
A cela s'ajoute un traitement intéressant du groupe de personnage principal (beaucoup de tensions entre chacun, mais du coup, un vrai passé commun qui rend le tout attachant). Chacun a sa personnalité, chacun semble cohérent et donne envie d'être suivi. Aucun ne mérite réellement le déferlement de bestioles, de plus en plus nombreuses, toujours plus voraces qui se lance à ses trousses.
Si je dois être tout à fait honnête, malgré l'engouement que m'a procuré le film, je me dois de rester un tant soit peu critique, de reconnaitre que la dernière partie du film souffre légèrement d'un trop plein de patos, d'un appuie légèrement exagéré de ses symboles à certains moments.
Pour autant, à mes yeux, "Vermines" s'impose comme une très (très) belle surprise. Il est possible de produire un cinéma de genre qualitatif en France. Il est aussi agréable de s'apercevoir que le premier film d'un Valentin Vacinêk prometteur, qui, pour ma part gagnera ma curiosité lors de ses prochains films, a pu s'avérer être une telle réussite.
Un très tortueux train fantôme faiblement illuminé au néon poisseux recouvert de fils scénaristiques bien corrosifs. "Vermines" a su capturer mon attention entre ses pattes pour ne jamais la lâcher durant 1h45.
Si vous vous en approchez de trop près, vous risquez fort, que vous le vouliez ou non, de ne pas pouvoir sortir de cette toile.