Elle en pire
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le 10 oct. 2024
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Avant tout, pour ceux qui s'interrogent sur l'intitulé farfelu de cette critique, laissez moi m'expliquer :
J'ai choisi ce titre en référence à la subtilité du nouveau film de Coralie Fargeat.
Je suis passé par plusieurs états avant d'aller voir "The Subtance". D'abord, j'ai vu la bande-annonce, que j'ai trouvé sacrément cool. Je me suis un peu renseigné sur le film, j'ai vu que globalement les critiques étaient extrêmement positives. J'ai découvert qu'il était réalisé par une française, produit en partie par des français également. Typiquement le type de projet que j'ai envie d'encourager. En tant que fan de genre, j'étais plus que chaud.
Puis j'ai commencé à voir perler une ou deux critiques plus mitigées, surtout, je me suis aperçu de la durée du film: 2h20. J'avoue que ça m'a un peu refroidi, pas suffisamment pour que je refuse de me faire mon propre avis.
Grosso modo, la qualité de "the Substance" suit à peu près la beauté du corps de Demi Moore. Beau en début de film malgré ses quelques imperfections (même si son personnage s'évertue à se persuader de sa laideur), de plus en plus boursouflé au fur à mesure que le récit avance... et littéralement éclaté au sol dans son dernier acte.
Si par sa réalisation (une véritable orgie d'inserts), une musique surappuyant le moindre effet dramatique, "The Substance" dégage un certain style, j'ai eu du mal à y être sensible. C'est tout de même très prétentieux, très in your face la plupart du temps. A la limite pourquoi pas, c'est un parti pris. Par contre, alors que son final pointe clairement du doigt le public, l'accusant de porter sur le devant de la scène, la beauté, la superficialité qui l'entoure; j'ai trouvé insupportable de me sentir autant pris pour un con. TOUS les plantings du film sont rappelés à l'écran au moment de leur pay-off. Madame Fargeat, si vous cherchez à dénoncer la stupidité d'un public, j'apprécierai grandement que vous essayez de relever le niveau plutôt que nous rappeler constamment ce qu'il s'est passé une demi-heure avant dans votre film.
Malgré ce gros défaut. "The Subtance" fonctionne pas trop mal durant sa première moitié. Quelques idées de mise en scène font mouche (le son extra diégétique de la pub), les acteurs font le taff, le concept est suffisamment fort pour nous tenir en haleine... Mais pas sur 2h20.
J'en avais peur avant visionnage, le film me l'a confirmé. C'est long, trop long. Je m'emmerde très rarement devant des films, ça a été le cas devant celui-ci. Je vous l'accorde tout à fait volontiers, sur 1h40, 1h50, "The Substance" aurait été bien plus efficace. D'autant que Demi Moore, qui partage à part égale (aha) le rôle principal et Margaret Qualley font absolument TOUS les mauvais choix. Les règles à suivre sont pourtant simples, elles parviennent constamment à ne pas les respecter.
Si on ajoute à ça quelques incohérences (Elisabeth Sparkle qui cavale des escaliers à fond la caisse alors que son genou l'empêchait de se lever; le monstre de fin qui parvient jusqu'au plateau TV; le médecin qui fait volte face dont ne sait où), quelques story lines abandonnées en route (le pilon de poulet qui n'a aucune conséquence, le copain qui ne revient jamais à l'appart), ça fait beaucoup.
Je ne lui reprocherai pas ça, "The Subtance" en fait beaucoup, va jusqu'au bout de son délire. J'ai pas aimé, mais il reste un film sans concession.
Par contre, je vais pas me gêner de l'attaquer sur un point central, pour moi son plus gros défaut: son message. "The Substance" nous dit d'accepter de vieillir, que la beauté n'est pas éternelle, qu'elle est donc assez superficielle.
Waow.
J'avais vraiment besoin de 2h20 pour me rendre compte de ça, bravo madame Fargeat.
J'ai beau être fan de genre, citer "Shining" (que je porte pas spécialement dans mon coeur) et "Carrie" ne suffit pas à mon bonheur. Le climax de "The Substance" est d'ailleurs un des hommages les moins subtils que j'ai vu dans ma vie à un autre film. "Carrie", avait un côté extrêmement jouissif à voir son héroïne se venger de toutes les merdes qui lui tombaient sur la tronche. Son héroïne était attachante, l'empathie avec elle évidente. Elisabeth Sparkle et Sue sont deux personnages superficiels, qui méritent quelque part tout ce qui leur arrive de dramatique. Grosse différence.
En somme, "The Substance" a le mérite d'aller au bout de ses idées, se pense subversif, mais enfonce juste de grosses portes ouvertes. J'ai beau être fan de genre, je ne vois aucun intérêt à assister à 20 dernières minutes bien gores pour délivrer un message aussi basique.
Si vous pensez que la beauté a une réelle importance et doit être sacralisée à tout prix, regardez "The Substance", si vous êtes intelligent, passez votre chemin.
Plus ou moins dans le même thème, "The Neon Demon" de Nicolas Winding Refn allait plus loin dans son style, tout en restant envoutant, en proposant une vision plus trouble, mais réellement divertissante. Que vous l'aimiez ou non, il avait le mérite de ne pas être superficiel. "The Substance", au final, l'ait autant que son message.
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il y a 3 jours
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