L'Amour ouf
6.8
L'Amour ouf

Film de Gilles Lellouche (2024)

Mon visionnage de "L'amour Ouf" date déjà d'une bonne semaine au moment où j'écris ces lignes.


Vu la déferlante, assez monstrueuse pour un film français, de promos autour du film, je vais éviter de vous faire l'affront de contextualiser plus que ça. Comme beaucoup, j'avais apprécié le dernier Lellouche "Le Grand Bain". J'aime bien François Civil, j'adore Adèle Exarchopoulos (n'en déplaise à ses détracteurs, non elle ne fait pas que jouer en parlant kaïra, oui c'est clairement une de nos actrices les talentueuses). En plus d'être d'excellents acteurs, ils dégagent tous deux un gros capital sympathie auquel je ne suis pas insensible. Faut bien avouer que voir le couple à l'écran avait de quoi attiser la curiosité de plus d'un. Cerise sur le gâteau... j'adore les films d'amour.


Malheureusement, à mon sens, c'est déjà un problème du film. L'amour Ouf est en réalité un film d'amour ET un thriller sur la pauvreté, la lutte des classes, les problèmes de délinquance lié à un contexte sociale instable. Et ce à part égale.

Pendant une bonne moitié du long-métrage, on s'intéresse plus aux problèmes de Clotaire, quitte à un peu trop s'éloigner de la romance à mon goût. Non pas que cette partie soit inintéressante, le jeune Malik Frikah, notamment, porte à merveille le rôle pour son tout premier film. Quelques blagues font mouches, la plupart des scènes fonctionnent, portées par une mise en scène généreuse. Très généreuse. Trop ?


Le soucis, c'est que à vouloir être à la fois un film d'amour, un film social à la Ken Loach, une semi-comédie par moment et un film à la réalisation dégoulinante d'idées, L'Amour Ouf se perd un peu, laisse petit à petit l'émotion sur le côté. Autant j'ai admiré avec plaisir certaines scènes (celle de la danse "clippée" en début de film est particulièrement réussie), autant d'autres coincent un peu par excès d'originalité (le restaurant entre Jackie et son mari). L'Amour Ouf est un film très ambitieux, très généreux, qui fonce sans jamais avoir peur d'en faire trop. Il en devient au bout d'un moment, presque trop indigeste, même franchement kitch parfois. Autant je ne peux que saluer l'envie de Gilles Lellouche de proposer du cinéma, autant j'ai parfois envie de lui dire de se calmer un peu. Rare sont les films qui me laissent "en dehors". Encore plus rare sont ceux que j'admire pour leur mise en scène, sans rentrer plus que ça dans l'histoire. Celui-ci en fait partie.


Pour distiller ci et là des bons et moins bons points. J'ai trouvé le revirement final du personnage de Vincent Lacoste bizarre, à la limite du malvenu. J'avoue avoir été surpris de voir la violence s'échapper de ce personnage de manière si brutale. Je ne sais pas si certaines de ses scènes ont été coupées, je n'en serai pas étonné.

Sans trop en dire, la fin, plutôt minimaliste et ancrée dans le réel, passe bien. Elle pourrait presque sonner anecdotique, reste pourtant vraiment pertinente et dans l'esprit du film.

Niveau performance d'acteur, François Civil et Adèle Exarchopoulos tiennent la baraque. Sans faire de fausse note. Malheureusement sans crever l'écran non plus.

A ma grande surprise, Alain Chabbat vole complètement la vedette à chacune de ses apparitions. Il incarne un père touchant, vraiment drôle, dépassé par les choix de vie sa fille sans jamais s'opposer à qu'elle mène la vie qu'elle souhaite. Avec "Réalité" de Quentin Dupieux, probablement un de ses meilleurs rôles. Au détour d'une phrase loin d'être anonyme, il décrit avec une parfaite justesse l'amour tel qu'il est à mes yeux: "Bien, c'est pas assez".


Et c'est au final ce que je retiendrait de l'Amour Ouf. Un bon film, que je reverrai avec plaisir, ne serait ce que pour ses idées de réalisation. Mais pas le torrent d'émotion que nous avais promis bande annonce et autres promotions. Au vu du casting, du raz de marée d'interviews ça et là de l'équipe, on avait en droit d'en attendre plus. Au moins un peu.


2h40 agréable, malgré tout plus dans la contemplation que dans l'émotion pour la part. Quand on aime, certes on ne compte pas, mais on a aussi le droit d'être exigeant.


Un peu déçu qu'un amour né sous une éclipse, passe lui aussi à l'ombre; à l'intérieur d'un film sensé l'incarner.

Sihtam
6
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le 3 nov. 2024

Critique lue 64 fois

1 j'aime

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