Ça va être rapide, car very bad trip est devenu qu’on le veuille ou non un objet culte, et la simple idée d’en faire sa critique paraît absurde. Or, je me lance dans l’entreprise de faire une rapide critique sur tous les films que je vois dès maintenant.
Qu’on se le dise, le charme opère assez rapidement, pour qui aime l’humour américain régressif, qui est dans ce film très bon (on voit d’ailleurs en quoi il a inspiré nombre de comédies américaines sorties par la suite, moins réussies quant à elle). Et ce, en dépit de pas mal de défauts, et de certains écueils du cinéma se voulant « cool » assez irritants.
Car oui, le principal défaut de very bad trip, qui en englobe pas mal d’autres, est cette volonté de vouloir perpétuellement rendre le film « classe », « stylé », de manière assez artificielle. On a par exemple le personnage de Phil, insupportable, antipathique, car il n’a d’autre utilité que de balancer des punchlines à tout va. Certains effets de style dans la réalisation, ont déjà mal vieillis, et paraissent ringards, comme cette manie risible de mettre une musique par minute, souvent des clipshows totalement gratuits, (mais je serais de mauvaise foi de ne pas reconnaître les nombreux beaux plans qui jalonnent le film). Le film en pâti sur l’enrobage global, mais aussi sur l’authenticité que celui-ci essaie d’avoir.
Mais je ne saurais plus bouder mon plaisir. Comme je l’ai dit, le charme opère rapidement. L’inventivité des gags, mais surtout leur foisonnement prennent vite le dessus. Le film va à 1000 à l’heure, et l’humour fonctionne, (hormis quelques running gags ratés) tantôt décalé, tantôt absurde, tantôt burlesque. Todd Phillips a peut être du mal à créer une imagerie élégante (lorsqu’il y arrive, c’est avec une espèce de créature de Frankenstein impersonnelle dans war dogs) mais sait cependant mettre en scène la comédie ; le comique est hyper bien accompagné par la mise en scène, jamais alourdi, mais valorisé au contraire par sa neutralité et sa manière d’inscrire le déjanté dans le réel. Hormis Phil, les personnages sont simples mais drôles, ont tous leur partition à défendre, spécialement Allan, magnifique Zach Galifianakis.
Very bad trip ne brille pas par sa finesse, mais nous offre un spectacle effréné, souvent hilarant, tellement séduisant qu’on dépasse vite la ringardise de son style.