« Uh, Alan, maybe never say that part again. » DOUG BILLINGS

En mai 2011, juste avant la sortie en salles de The Hangover Part II, Todd Phillips évoque déjà l’idée d’un troisième film, confirmant ainsi que la franchise ne s’arrêterait pas là. Cependant, il précise qu’à ce stade, aucun script n’a encore été écrit et qu'aucune date de production n’a été fixée. Cette annonce, bien qu’informelle, montre l’engouement autour de la saga, qui a rencontré un succès commercial phénoménal avec ses deux premiers volets.

Todd Phillips et Craig Mazin s'associent encore après The Hangover Part II pour élaborer le scénario de ce troisième volet. Ils ont une vision claire, ils sont prêt à explorer des pistes inédites. Ils insistent sur le fait que le film ne suivra pas le même modèle que les précédents volets, évoquant plutôt l’idée d’un final qui apporterait une conclusion à l'arc narratif des personnages. Cette déclaration est particulièrement intrigante, car elle laisse entrevoir un renouveau créatif, tout en respectant l’héritage de la franchise.

The Hangover Part III sort en 2013, mais contrairement à ses prédécesseurs, il rencontre un accueil mitigé et se plante au box-office. Bien que le film ait généré un certain intérêt en raison de la popularité de la franchise, il ne parvient pas à captiver le public de la même manière que les deux premiers volets.

Le film prend une direction audacieuse en s'éloignant des éléments emblématiques des précédents films de la franchise. Cette fois-ci, il n'y a pas de nuit de débauche mémorable, pas d'amnésie, ni de souvenirs égarés à reconstituer. L'absence d'abus d'alcool et de drogues, qui avaient pourtant été au cœur des intrigues précédentes, marque un changement significatif. Au lieu de cela, le film se concentre sur les conséquences des actes des personnages, offrant une réflexion plus profonde sur leurs choix et leurs comportements. En délaissant le modèle narratif du puzzle à assembler, le film présente une tonalité plus sombre qui, bien que intéressante, ne parvient pas à capturer l'humour et l'énergie qui avaient fait le succès de la série.

De plus, le film ramène les spectateurs à Las Vegas, le cadre emblématique du premier film, ce qui évoque une certaine nostalgie pour les fans de la franchise. Ce choix de décor rappelle les folles aventures du Wolfpack dans la ville des excès et des surprises. Le film réintroduit certains personnages secondaires emblématiques, comme le Doug noir, joué par l'acteur Mike Epps, ainsi que la maman du bébé, jouée par Heather Graham, renforçant le lien avec les précédents opus. Ces retours ajoutent une touche de familiarité et permettent de revisiter des moments iconiques de la série. Cependant, malgré ces éléments nostalgiques, le film peine à capturer la magie et l'énergie désinhibée qui avaient marqué les débuts de la franchise. Les références au passé ne suffisent pas à compenser le changement de ton et la perte de l'absurde qui faisaient l'attrait des films précédents.

L’intrigue se concentre davantage sur le personnage de Ken Jeong et sur l'antagoniste principal, qui est le gangster joué par John Goodman. Ce changement de focalisation marque une rupture par rapport aux précédents films, comme dit plus haut, où l'humour et l'absurdité des situations du Wolfpack étaient au premier plan. Chow, qui a déjà été un personnage récurrent dans les volets précédents, prend ici une place plus centrale, ajoutant une dynamique différente à l'intrigue. L'antagoniste représente une menace plus sérieuse et moins humoristique, ce qui accentue le ton plus sombre du film. Ce focus sur les conflits avec le Chow et Goodman déplace l'équilibre du film, en mettant en avant une action qui rappelle davantage un film de gangster qu'une comédie débridée.

Même le Wolfpack, composé de ses membres emblématiques, semble moins s’amuser que dans les précédents films. Bradley Cooper, Ed Helms, Zach Galifianakis et Justin Bartha semblent en effet plus accablés par les circonstances et les enjeux sérieux de l’intrigue. Au lieu de se laisser porter par le chaos hilarant et les mésaventures débridées qui avaient caractérisé leurs escapades à Las Vegas et à Bangkok, les personnages sont ici confrontés à des situations plus graves, ce qui réduit l'énergie ludique qui animait le groupe.

Cette absence de camaraderie légère et de plaisanteries spontanées entre les personnages nuit à la dynamique qui avait fait la force des films précédents. Les interactions entre le Wolfpack sont moins enjouées et plus chargées de tension, ce qui donne l'impression que les acteurs, bien qu'ayant toujours une certaine alchimie, ne semblent pas apprécier autant les situations absurdes dans lesquelles ils se trouvent. Ce changement de ton contribue à la sensation que le film s'éloigne de ses racines comiques.

Sur le plateau, l’ambiance n’est pas forcément au top avec un Zach Galifianakis, déjà bien établi dans le rôle comique d'Alan, qui semble profiter d'une liberté créative accrue. Son interprétation du personnage s'éloigne parfois des répliques strictement scriptées, ce qui lui permet d'injecter sa propre touche d'humour et de spontanéité. Ce penchant pour l'improvisation crée des moments, mais cela ne plaît pas toujours à Craig Mazin, le scénariste, qui se retrouve souvent déconcerté par la capacité de Galifianakis à livrer des répliques bien plus inspirées que celles écrites dans le script ! Bien que cette approche puisse enrichir le personnage d'Alan, elle souligne également une tension créative, témoignant des défis rencontrés lorsqu’un acteur défie les attentes des scénaristes et redéfinissant son personnage à chaque prise.

The Hangover Part III clôt la trilogie avec une tonalité résolument différente, marquée par une approche plus sombre et introspective. Loin de la débauche habituelle des précédents films, le récit commence par un enterrement, un choix symbolique qui résume parfaitement l'atmosphère du film et son éloignement de l'esprit festif qui prévalait dans les volets antérieurs. Ce choix narratif, couplé à une focalisation accrue sur les enjeux dramatiques et les conséquences des actions des personnages, renforce le sentiment que le Wolfpack n'est plus en quête de plaisirs éphémères, mais plutôt d'une forme de rédemption et de réflexion. Bien que le film puisse avoir ses moments de comédie, la perte de la légèreté et de l’amusement qui caractérisaient les premières aventures laisse un goût amer.

StevenBen
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le 1 oct. 2024

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Steven Benard

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