Depuis qu'Adam McKay, alors réalisateur quasi-attitré des comédies loufoques de Will Ferrell, s'est lancé dans le biopic en 2015 avec l'excellent The Big Short, on se demandait quelle tournure allait prendre sa carrière. Ni une ni deux, il récidive de manière cette fois-ci plus politique en mettant en scène la montée au pouvoir du polémiqué Dick Cheney, de son rôle de petit faire-valoir à la Chambre des Représentants à son poste de vice-président aux côtés de George W.
Souhaitant tirer son épingle du jeu et éviter au maximum de proposer un biopic ennuyeux, McKay nous livre un long-métrage passionnant car finalement très drôle et parfois même déstabilisant. En effet, quand il n'ajoute pas des interludes du narrateur qui casse le quatrième mur, le film s'avère déstructuré au possible, alternant entre passé et présent et entre réalité et fiction, le tout parsemé de séquences inattendues qui tendent à expliquer de manière souple et limpide des détails politiques que l'on pourrait trouver barbant ou incompréhensibles.
Des séquences comme un serveur proposant un menu à base des crasses que le Sénat va prévoir ou un petit montage humoristique à base de photos interchangeables dévoilant la mise en place des futurs dirigeants du pays. Le casting quatre étoiles n'est pas en reste, que ce soit Amy Adams épatante en Lynne Cheney ou encore Sam Rockwell en W. Bush, tout aussi convaincant que le fut Josh Brolin dix ans plus tôt. Christian Bale est, lui, comme d'habitude bluffant, son talent ne se résumant pas à prendre 20kg pour le rôle mais bel et bien en adoptant la gestuelle, les mimiques et la voix de l'ex-Vice-Président. Parfois plus proche de la comédie que du drame, Vice est une œuvre singulière passionnante de bout en bout qui se hisse sans mal au sommet des biopics politiques.