Moi qui craignais d'être déçu, cette expérience Vice Versa (Inside Out) se sera finalement soldée par une virilité mise à mal et une éloquente réclamation de kleenex, le tout dans un état d'émerveillement grisant. Et c'est peu dire.
On pouvait s'y attendre pourtant, les innombrables retours dithyrambiques annonçant clairement la couleur, de quoi laisser penser que Pixar tutoyait de nouveau les sommets de l'animation ; création 100% originale, Vice Versa augurait donc un énième coup d'éclat de l'emblématique studio, alors en sous-régime ces dernières années (outre le désastreux Cars 2, Rebelle et Monstres Academy furent certes étonnamment sympathiques, mais pas mémorables).
Bref, avec l'expérimenté Pete Docter à la réalisation, ce quinzième long-métrage Pixar promettait beaucoup, vraiment beaucoup ; à la fois enthousiaste et prudent à son sujet, je me suis finalement fait avoir en beauté tant l'ensemble se sera avéré démentiellement créatif, avec un ouragan d'émotions vous prenant aux tripes en guise de cerise sur le gâteau.
Je tendrai même à qualifier ce long-métrage de follement audacieux, la complexe thématique de l'esprit humain bénéficiant ici d'un traitement à sa pleine mesure ; il en ressort d'ailleurs un univers d'une richesse incroyable, de quoi illustrer une fois de plus l'imagination sans limite caractérisant si bien Pixar.
A même de plaire aux petits comme aux grands, Vice Versa affiche toutefois une maturité saisissante en totale adéquation avec son sujet, les péripéties de la jeune Riley et de ses émotions offrant un regard à la fois divertissant et pertinent sur le pourquoi du comment de nos tourments d'âme ; sans aller jusqu'à en faire l'impasse, l'humour n'est ainsi nullement prédominant, bien que savamment efficace.
Au gré d'un décor à deux facettes (esprit/réalité) maîtrisé de A à Z, le déménagement de Riley à San Francisco se voit ainsi être le théâtre d'un chamboulement intérieur conséquent, qui de fil en aiguille va atteindre des sommets d'intensité ; l'intrigue, au terme d'une constante montée en puissance, se veut donc captivante à n'en plus finir, la découverte de son univers graphiquement somptueux et de ses protagonistes forts attachants achevant de nous enchanter.
Au cœur du centre de contrôle, sorte d'alter-ego fort imagé de l'hypothalamus, les émotions personnifiées de Riley concourent grandement à la réussite de Vice Versa, tandis que la représentation vertigineuse de l'esprit humain déborde d'excellentes idées ; on songe notamment au train de la pensée, le système des souvenirs et j'en passe tant le film regorge de détails géniaux, détails que vont d'ailleurs mettre en lumière Joie et Tristesse au travers d'un périple passionnant.
En son sein, il convient de citer le hangar de la pensée abstraite, véritable démonstration d'inventivité visuelle, ou encore la production de rêves, modèle de transposition du réel à l'imaginaire (séquence hilarante entre autre) ; mais s'il est bien un élément à ne pas omettre, il s'agit de Bing-Bong : à l'aide de ce farfelu ami imaginaire, Vice Versa va définitivement prendre son envol, sa trame gagnant en rythme tout en conférant davantage de poids à ses enjeux déjà bien établis... au point d'en être bouleversant.
Cette fameuse teneur mature n'en est alors que plus palpable, car si l'esprit de Riley nous réserve son lot de rebondissements forts romanesques, le pan de la réalité lui sert à la perfection de fil directeur ; bien plus qu'une simple partition, Vice Versa n'a alors de cesse d'osciller, non, mêler les deux décors avec maestria, l'alchimie en découlant servant alors de base à une ambiance nous marquant comme il se doit.
Si le dénouement s'avère magnifique à souhait, il succède à un pic de tension auréolé d'une atmosphère pesante, ce qui surprendrait presque de la part de Pixar ; ceci souligne néanmoins toute la profondeur de son aventure haute en couleur, dont la conclusion sensationnelle s'avère être un maelström d'émotions nous estomaquant sans retenu... voilà ce que donne l'union de la tristesse à la joie en somme.
Quelle claque franchement... le genre de claque vous donnant l'envie d'y retourner incessamment sous peu, histoire de renouveler l'expérience grandiose à laquelle vous avez eu la chance de prendre part (même le générique de fin vaut le coup d’œil).
Soit dit en passant, outre le graphisme savoureux du long-métrage, la BO de Michael Giacchino sublime le tout avec la manière.
Voici donc le résumé de mon visionnage Vice Versa, qui s'apparente au jour d'aujourd'hui au meilleur long-métrage Pixar, fort d'une créativité scénaristique comme visuelle ahurissante ; le studio se sera en effet surpassé en nous proposant un récit poétique fort original sous toutes ses coutures, et brillant d'une maturité renversante en la matière.
Bravo, et merci, un grand merci pour ce nouveau chef d'oeuvre de l'animation.