Pas facile pour un Pixar, surtout celui-ci, de passer quelques jours après un film des studios Ghibli, le Voyage de Chihiro en l'occurrence.
Ici, on assiste au voyage de Riley, à peu près le même âge que l'héroïne de Miyazaki, qui vit aussi une pré-adolescence qui commence mal : un déménagement. Et l'univers de Riley, comme sa comparse nippone, est peuplé de créatures fantasques, délurées, colorées. Sauf que dans le cas de Riley, ces créatures sont dans sa tête : tout un beau monde qui régit comme une entreprise les pensées, les souvenirs, les rêves, le subconscient et bien sûr les émotions de la petite, qui forge sa personnalité.
(Aparté : on pourrait d'ailleurs dire que Chihiro voyage aussi dans sa propre tête, mais c'est un autre débat. J'arrête avec Ghibli, retour à Pixar, promis.)
Et qui de mieux pour s'occuper des émotions que les émotions elles-mêmes ? Nous en avons 5 ici : Joie qui occupe vite le poste d'émotion-chef, assistée de Tristesse, Dégoût, Peur et Colère.
Ici se trouve ma principale remarque négative : je sais que le scénario initial comptait une vingtaine d'émotions et que ça serait vite devenu un beau bordel scénaristique et visuel si Pixar s'était tenu à ce nombre. Mais là, 5 ? Quid de la honte, de la surprise, de la culpabilité, de l'amour, de la frustration, de l'excitation ?
Bon, on s'adresse principalement aux enfants, je comprends, mais j'aurais aimé un peu plus de diversité et de complexité.
On l'atteint quand même la complexité, surtout vers la fin où
l'on comprend que la tristesse est nécessaire, tout comme les autres émotions considérées comme négatives, que devenir adulte, c'est avoir des souvenirs teintés de multiples émotions.
C'est un message fort, qui m'a assez touchée, je le reconnais (oui, j'ai pleuré !), un joli enseignement aux enfants et un rappel essentiel aux adultes.
Mais celles et ceux qui ont vu le film savent bien que
là où j'ai n'ai pu réprimer de longs sanglots, c'est le sacrifice de l'ami imaginaire. Parce que j'en ai eu de nombreux, tombés eux aussi dans l'oubli et que sans eux, je ne serais pas ce que je suis aujourd'hui (à savoir une femme sympa mais totalement barrée.)
Et puis qu'il est réaliste/déprimant de s'apercevoir que dans la tête de la mère de Riley
c'est la tristesse qui "commande" les autres émotions
et dans celle du père,
c'est la colère le chef d'équipe.
Ah, j'allais oublier, la séquence dans la tête du chat vaut à elle seule le déplacement, c'est une trouvaille fabuleuse.
Pourquoi seulement un 7 (outre mon obsession quasi-maladive pour Ghibli) ?
Parce que je n'ai pas retrouvé la magie de Monstres et cie, des Toy Story, des Indestructibles, de Wall-e ou des 10 premières minutes de Là-haut. Allez savoir pourquoi... Sans doute, que c'est un joyeux capharnaüm dans ma propre tête et que l'émotion "émerveillement" devait faire la sieste.
Fais pas la tête, Pixar, je t'aime quand même. Tu as réussi à créer une jolie petite bille multicolore de plus dans ma frimousse déjà bien remplie.