Les meilleurs films d'animation sont probablement ceux qui s'adressent à tous et à toutes en proposant différents niveaux de lecture, et ce de façon transgénérationnelle. Vice Versa fait partie de cette catégorie en réussissant sur tous les plans : drôle à en pleurer de rire, triste à en arracher une larme aux coeurs de pierre et original jusqu'à lancer des discussions interminables autour de telle ou telle facette du scénario.
D'emblée, à la naissance même de Riley, le personnage dont on suit l'évolution suite à son déménagement avec sa famille à San Francisco, les traits de caractère qui la composent sont introduits progressivement sous la forme de personnages archétypaux qui interagissent avec une console cérébrale pour créer les émotions. Joie, Colère, Dégoût, Tristesse et Peur discutent, agissent et regardent derrière leur écran ce qui se passe, en tentant de faire en sorte bien sûr que Riley soit heureuse dans sa vie de tous les jours. On démarre d'un cadre classique dans tout scénario pour enfants qui se respecte (papa, maman, la famille, les amis) pour ensuite partir dans un feu d'artifices de créativité dont la cohérence est magistrale, tant les rebondissements et les vannes fusent dans tous les sens. Joie m'a mise de bonne humeur grâce à son optimisme jamais excessif. Tristesse m'a appris l'auto-dérision quant à mes états d'âme. Dégoûtée m'a démontré ce qu'était le snobisme. Peur m'a fait relativiser. Colère enfin m'a calmé.
Rarement un film d'animation n'aura eu un message de tolérance aussi bien introduit, surtout dans une époque où l'on considère encore difficilement l'introversion et la mélancolie. Être "Joyeuse" à outrance en faisant l'autruche marche, temporairement. Mais l'acceptation des émotions négatives, et surtout l'acceptation de ses faiblesses face à un monde qui nous dépasse permet de redémarrer de plus belle. Ainsi, Riley, durablement apaisée peut désormais grandir sereinement en accord avec elle-même.