Si l’on en croit “Inside Out”, un humain ne peut ressentir que cinq émotions distinctes. Mais attention, parce que lorsqu’il s’approchera de la puberté, il aura la possibilité d’en mixer deux (!!!) à la fois.
Il est vrai que l’écrire scénaristique implique un fort processus de simplification afin d’atteindre l’essence-même des idées et de n’en conserver que la substantifique moelle. Après tout, l’objectif de chaque cinéaste est tout de même de raconter une histoire en moins de deux heures (si possible). Excusez du peu.
Kubrick lui-même se plaignait de cela ; ainsi, avant d’en écrire le scénario, il attaqua “2001: A Space Odyssey” sous forme de roman, en étroite collaboration avec Arthur C. Clarke. L’ironie, ici, étant qu’à aucun moment lors d’un visionnage de “2001”, il est possible, en toute bonne fois, de ressentir une simplification scénaristique… Et donc se dire que Kubrick ressentait une telle limitation permet de voir une fois de plus l’étendue de son génie du Cinéma.
Du coup, toute proportion gardée, quand les bonhommes de chez Pixar se lancent dans un nouveau film et qu’il leur faut cinq ans pour l’achever, on est en droit d’attendre quelque chose qui, dans le pire des cas, tiendra la route.
Et bien avec “Inside Out”, c’est raté. Mais où est l’ingéniosité du générique d’introduction de “Up” ou la subtilité des premières minutes de “Wall-E” dans lesquels les personnages, leur environnement, leur histoire (comprendre, toute la phase d’exposition des films) nous sont présentés de façon concise et touchante ? Ici, le premier tiers n’est que dialogue, voix-off, répétition à n’en plus finir et gags puérils afin de tâcher de faire passer le tout.
Bien sûr, les émotions ne sont probablement pas le sujet le plus simple à aborder - que ce soit dans une optique d’oeuvre pour adultes ou (d’autant plus) pour enfants. Mais c’est un sujet tellement important pour chacun en tant que membre de l’espèce humaine, que de se voir présentée une telle mascarade piétinant sur chaque once de subtilité, est difficile à supporter.
A l'opposé, certains éléments sont étonnement brouillons, confus, ou encore mal exploités : quand on est très triste, perd-on vraiment toute personnalité ? Pourquoi mélanger déménagement et entrée dans la puberté alors que ce second point se suffisait largement à lui-même (et là, la perte de personnalité se comprend car on cherche à s'en créer une autre) ? Pourquoi autant de gens au scénario et à sa ré-écriture (ce qui peut également être vu comme un élément de réponse à la majeure partie sinon tous les problèmes que je trouve à ce film) ?
Tant de questions, aucune vraie réponse... Puisque c’est comme ça, je retourne regarder “Blade Runner”, un film où qui y a des vrais sentiments avec des vrais gens dedans. Oh wai…
PS : Pourquoi c'était pas possible de remonter directement au QG par les tubes aspirants, hein ?! Genre dès le début.
PPS : Le chat du générique est cool.