Quand l'adolescence apporte l'Anxiété ! Une suite bien gérée encourageante pour Pixar.

Ma critique vidéo sur Vice-Versa 2

2015, année de la sortie du premier Vice-Versa qui a été un Pixar marquant restant encore dans les mémoires de nos jours. 9 ans après le premier volet (à croire que Pixar aime prendre beaucoup de temps pour faire la plupart de leurs suites), Vice-Versa revient dans une suite où Riley est officiellement une adolescente et qu’elle va traverser des phases difficiles avec de nouvelles émotions qui apparaissent. Le concept de base partait bien tout en ayant été amorcé un peu trop facilement par le passé. Et donc, est-ce que cette suite vaut le coup ? Oui. Cela fait quand même plusieurs années qu’on avait pas eu un Pixar qui nous fasse à nouveau de l’effet comme ça, le dernier étant Soul en 2020 même si il n’a pas plu à tout le monde (comme tous les films). Mais là, on a une réelle suite travaillée qui vaut le coup et qui fait plaisir à voir, surtout si on avait aimé le premier opus. Et même si Disney s’est affilié à Pixar, on peut les voir comme une compagnie séparée vu la différence de travail (même si Disney a pris trop d’ampleur sur Pixar aujourd’hui).

Positif

• Riley (Jaynélia Coadou) est une adolescente diplômée qui a l’occasion de faire un stage de hockey qui sera déterminant pour son avenir. Lors de son stage, on va voir qu’elle va agir assez différemment de d’habitude et devenir une autre personne, ce qui est en raccord avec son âge. Lors de l’adolescence, un(e) ado passe par plusieurs étapes avec de nouvelles émotions, en plus de devoir commencer à penser à son avenir alors que la plupart ne savent pas ce qu’ils aimeraient faire. En tout cas, elle est intéressante à suivre dans son développement au fur et à mesure qu’Anxiété agît pour elle.
• Joie (Charlotte Le Bon) est l’émotion la plus ancienne et la plus principale de Riley. Elle cherche à faire en sorte que Riley reste la fille gentille qu’elle connaît car elle est très fière d’elle et de ce qu’elle est. Avec l’arrivée d’Anxiété et des autres, on peut comprendre qu’elle ait peur d’être devenue une émotion démodée pour Riley alors qu’elle a toujours tenu à elle plus que tout. Joie est toujours un personnage attachant avec une personnalité particulière mais efficace.
• Dégoût (Mélanie Laurent), Peur (Pierre Niney), Colère (Gilles Lelouche) et Tristesse (Marilou Berry) sont les émotions qui accompagnent Joie afin de prendre soin de Riley. Contrairement à Joie, ils n’ont pas de réel développement mais il faut reconnaître qu’ils se démarquent chacun et chacune par leur personnalité.

• Anxiété (Dorothée Pousseo) est une nouvelle émotion qui a rejoint le quartier cérébral. Elle cherche à préparer Riley en imaginant les pires scénarios possibles et en la préparant pour l’avenir, quitte à la changer par rapport à ce qu’elle est. En vrai, Anxiété n’est pas détestable car on comprend ses objectifs de vouloir préparer Riley pour avoir le meilleur avenir possible, juste qu’elle ne fait pas forcément comme il faudrait en plus de tout faire toute seule.
• Envie (Kaycie Chase), Embarras (Maxime Hoareau) et Ennui (Adèle Exarchopoulos) sont des nouvelles émotions qui accompagnent Anxiété. Comme pour les autres, ils n’ont pas de réel développement mais se démarquent par leur personnalité. Sauf Embarras peut-être qui a une conscience qui se réveille grâce à Tristesse.

• Celles qui évoluent le plus sont Riley, Joie et Anxiété. On a Riley qui passe par sa période d’adolescente, une grande période de doutes, de choix qui effraient un peu pour l’avenir… Donc il est un peu compréhensible qu’elle agisse comme elle le fait, guidée par ses nouvelles émotions, mais ça apporte une évolution intéressante du personnage par rapport à tout ça. On a aussi Joie qui veut le bien de Riley mais qui commence à douter de son utilité en tant que plus vieille émotion, est-elle réellement dérisoire ? Y compris dans son envie de revoir la conscience de Riley qu’elle a toujours connu ? Enfin, Anxiété est une émotion compliquée mais qui veut également le bien de Riley, c’est juste que les méthodes qu’elle a ne sont pas les plus adéquates. Dans les trois cas, ça apporte des évolutions intéressantes pour nos trois personnages.

• Les messages du film sont assez évidents quand on y fait attention. Déjà, le fait que l’avenir est déterminant oui mais que ce ne sont pas aux émotions de déterminer qui on sera. Les émotions ne sont là que pour nous aider à avancer vers l’avenir, pas pour nous le définir. Mais le plus beau message, même si on l’a déjà vu avant, c’est de savoir s’accepter tel qu’on est, ne pas chercher à devenir quelqu’un d’autre juste pour la forme ou pour l’avenir. Il n’y a pas que la joie ou l’anxiété qui détermine notre conscience, toutes les émotions sont importantes et nous aident à bâtir notre conscience. En tout cas, ça offre des beaux messages pour les enfants.

• La dichotomie entre Anxiété et Joie est assez intéressante. Joie cherche à rendre Riley heureuse (comme elle a toujours voulu le faire) mais également à rester fidèle à elle-même avec sa conscience qui fait d’elle quelqu’un de bien. A coté, Anxiété veut aussi le bien de Riley en la préparant pour l’avenir, quitte à s’informer en secret des intentions de la coach ou à renier ses amies. En tout cas, c’est une bonne chose de voir une dichotomie sur le fait qu’elles ont toutes les deux le même objectif mais pas la même façon de voir ou de faire les choses.

• En terme de symbolisme, on a pas mal d’éléments intéressants, la conscience de Riley et ses souvenirs qui la composent, ses amies et Valentina pour son avenir (qu’on pourrait presque imaginer comme un crush pour elle mais Disney s’est calmé apparemment), la conscience de Riley pour Joie et Anxiété qui la voit différemment. Bref, on a réellement du symbolisme très intéressant quand on fait attention.

• L’univers de Vice-Versa et donc, du corps humain, arrive à s’étendre un peu plus comme il se doit. Par exemple, on a maintenant la conscience avec l’arbre de croyance (un peu trop inspiré de l’arbre de Heiwua d’Avatar) qui montre son ressenti d’elle-même par rapport à ses actions et ses souvenirs qui créaient les croyances. Non mais vraiment, l’univers arrive à bien s’étendre comme il se doit ici.

• Question émotion, on ne peut pas nier que ça fait un petit quelque chose. Mettez de coté votre rancœur pour Disney, concentrez vous uniquement sur le visionnage comme pour le premier opus et vous remarquerez que ça ne vous laissera pas indifférent, ça vous fera forcément de l’effet (si vous avez un cœur bien sûr).

• Le long-métrage démarre par un match de hockey où Riley se donne à fond et que ses émotions nous sont présentées par Joie en mode commentatrice sportive. En vrai, c’est une introduction plutôt pas mal qui nous donne envie d’en savoir plus sur la suite de l’histoire après le match.

• La VF, même si elle est surtout composée de Stars Talents, s’en sort bien. Les anciennes voix s’en sortent toujours aussi bien qu’avant et les nouvelles voix s’en sortent également bien dans leurs rôles. Rien à redire sur le doublage qui était vraiment bon.

• Les musiques sont toujours aussi bonnes et passent toujours aussi bien avec ce qui se passe à l’image. Elles sont peut-être un petit peu moins marquantes mais elles sont tout de même très efficaces, et le thème principal reste toujours aussi beau à entendre.

• La fin est assez bonne en collant avec l’évolution de nos personnages qui reste mais également par rapport à Riley et son avenir. On ne voit pas explicitement tout mais on comprend par la mise en scène que cette fin est méritée pour Riley.

• La mise en scène est toujours aussi bien gérée. Certaines séquences ont réellement un très bon travail de mise en scène et, en général, elle est assez efficace pour se faire comprendre dans ses intentions et en étant bien gérés.

• Mine de rien, on arrive à être surpris par pas mal d’éléments de ce long-métrage. Alors oui, certains devineront les grandes lignes assez vite mais pas mal de choses restent un peu inattendus sur ce qu’ils proposent.

• Rien à redire sur l’animation qui a l’air un petit peu moins détaillée mais qui reste de bonne facture. Pour ce que ça propose, il faut reconnaître que l’animation fait bien le travail sans souci.

• Mine de rien, l’humour est plutôt pas mal. La majorité des blagues arrivent à faire rire ou sourire lors du premier visionnage tout en restant dans un humour non forcé et assez efficace.

• Les décors sont assez sympathiques. Certains d’entre eux sont assez nouveaux mais nous offrent des paysages et des lieux assez beaux à voir.

Négatif

• Si on devait parler d’une légère incohérence scénaristique, ça serait la rencontre entre Riley et ses meilleures amies. Sans spoiler, on apprend qu’elles se sont rencontrées très jeunes, avant le premier opus même, et ce n’est pas une mauvaise chose, sauf qu’on a jamais eu d’indice ou leur présence dans le premier opus. Franchement, ça aurait été plus adapté qu’elles se soient connues au collège où Riley était seule. Comme quoi, le retcon aide pour faire passer des nouveaux éléments mais entraînent quand même des incohérences. Sinon, une autre incohérence qui est étrange, l’arbre de croyance se trouve sous les oubliettes et donc, à un certain moment, permet à Joie et aux autres d’atteindre la zone. Sauf que les oubliettes n’ont pas de sous-sol ou d’accès à cet endroit normalement, et puis, si on peut y accéder par les oubliettes, comment ça se fait que des souvenirs ne se soient pas trouvés dans l’arbre de croyance avant ? Mine de rien, il y a de réelles questions de cohérence à se poser en le visionnant.

• Certains moments sont peut-être un peu exagérés comme le coup d’enfermer des secrets. D’ailleurs, si on doit enfermer des secrets, comment ça se fait qu’il y ait si peu de choses d’enfermées chez Riley ? C’est un détail mais ce moment donne l’impression que ça n’a pas été assez poussé, juste un concept là comme ça. Et ne parlons pas des personnages à l’intérieur qui, certes sont drôles, mais sont juste là pour la blague (surtout Boofie). Et ne parlons pas de l’émotion inutile qu’est Nostalgie, elle a été introduite beaucoup trop tôt.

• Pas un vrai défaut ou alors un défaut pardonnable, les émotions secondaires ne sont pas vraiment développées. Seules Joie et Anxiété ont réellement un développement, le reste suit l’une ou l’autre tout en ayant sa personnalité mais pas de développement. Après, il est vrai que c’est difficile de développer tout le monde mais ils auraient pu essayer.

• Malgré que la plupart des blagues sont bonnes, certaines nous laissent un peu indifférentes. En effet, malgré de nombreuses blagues qui font rire ou sourire, on remarquera que certaines d’entre elles ne marchent tout simplement pas.

• La tension essaye mais ne fonctionne pas trop. Malgré les dangers, on voit clairement que la tension ne marche pas forcément envers Joie et ses alliés.

Au final, Vice Versa 2 est une très bonne suite qui montre que Pixar peut encore nous étonner quelques fois. Loin d’être parfait ou d’être meilleur que le premier, cette suite arrive à rester dans la lignée de son prédécesseur en apportant des nouveaux éléments intéressants. On a une animation travaillée, des décors de qualité, une protagoniste très intéressante, une mise en scène de qualité et une bonne gestion de l’émotion. Après, il est vrai que la tension n’est pas très efficace, qu’on a quelques incohérences scénaristiques et que pas mal de personnages manquent de développement. Malgré tout, cette suite est une attente qui en valait la peine et qui peut nous faire espérer que Pixar (si Disney n’est pas derrière eux) est encore capable de nous faire des belles productions qui resteront dans les mémoires (même si celle-ci n’est pas un chef d’œuvre).