Dead alert
Il fut un temps où l’on attendait le nouveau Pixar avec excitation : le studio était devenu le maître de l’imaginaire, ayant su conjuguer les innovations visuelles de l’animation 3D avec une folle...
le 24 juin 2024
57 j'aime
6
Pour beaucoup, l'année 2015 restera celle de la dernière grande réussite made in Pixar. Car Vice-Versa, c'était une sorte de quintessence du studio et de son intelligence du coeur.
Soit il y a presque dix années. Dix années d'une mer agitée par diverses circonstances que les gars d'Emeryville ne pouvaient pas toutes maîtriser ou voir venir.
Revenir en 2024 à cette borne à de quoi quelque peu inquiéter. Surtout que Vice-Versa n'appelait pas nécessairement de suite et que le risque est grand d'en ternir l'aura en cas de déroute créative. Et que penser du fait que Pete Docter ait cédé les rennes de sa création ?
Non, Peur n'a pas pris la parole derrière le masque.
Car les appréhensions s'envolent dès les premières minutes de la projection. Et même si l'effet de surprise de 2015 n'est plus là, Vice-Versa 2 se montre tout aussi tendre et réussi que son aîné.
Tristesse pourra donc éviter de fondre en sanglots.
On avait quitté la petite Riley sur sa découverte des émotions mêlées, la mélancolie s'emparant du grand écran dans les dernières minutes du film précédent. Aujourd'hui, la jeune fille est sur le point de déclarer sa crise d'adolescence, avec tous les chamboulements qui lui sont associés.
D'où l'arrivée de nouvelles émotions plus complexes, dont l'apparence mime en premier lieu, avec une certaine acuité, celles des représentants de l'âge bête. Des émotions au service d'une agréable prolongation du propos sur la construction de la personnalité, pavée de quelques nouveaux concepts rendus aisément compréhensibles, à l'instar du premier volet.
Toujours aussi léché visuellement et soigné dans sa narration, Vice-Versa 2 représente un parfait équilibre qui menaçait pourtant de s'effondrer au regard du nombre de nouveaux personnages mis en scène et à faire évoluer avec les émotions originelles. Soit un risque non négligeable d'oublier des éléments en route ou encore de foncer en mode TGV.
Mais rien de tel ici : repasser dans certains décors déjà connus permet de faire comprendre l'évolution psychologique de Riley et de ses centres d'intérêts. Tandis que chaque émotion a quand même le temps d'exister, même s'il faut reconnaître que la caméra se rive rapidement aux pas de l'hyperactive Anxiété, qui reprend le rôle de Joie tant dans ses débordements maladroits que dans son envie de bien faire. Au point que Vice-Versa 2 dresse un parallèle plutôt malin entre 2015 et 2024. L'oeuvre dessine en effet, tout d'abord, la petite Riley à fleur de peau coincée entre deux persona : celle de son enfance, animée des émotions les plus simples, et celle de l'adolescente subitement mal dans sa peau, privée de ses repères, pétrie d'incertitudes et d'inconfort, culminant dans un "moment Pixar" de toute beauté et des plus poignants.
Et si, de manière inconsciente, Vice-Versa 2 posait aussi des mots pour définir l'incertitude d'un studio et ses mutations ?
En l'état, la justesse du coeur est toujours là, intacte. Et après avoir réalisé en 2015 que nous ne pouvions pas toujours être heureux, Vice-Versa 2, en 2024, prône l'acceptation de tout ce qui fonde une personnalité en mode pluriel, de nos failles, de nos inquiétudes.
Le flot des émotions est loin d'être tari du côté d'Emeryville...
Behind_the_Mask, qui pleurerait presque de joie.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2024
Créée
le 19 juin 2024
Critique lue 1.3K fois
62 j'aime
5 commentaires
D'autres avis sur Vice-versa 2
Il fut un temps où l’on attendait le nouveau Pixar avec excitation : le studio était devenu le maître de l’imaginaire, ayant su conjuguer les innovations visuelles de l’animation 3D avec une folle...
le 24 juin 2024
57 j'aime
6
Il y avait-il de quoi être surpris, franchement ?Parce que, oui – attention révélation ! – Vice-versa 2 est à l'image de toutes les suites Pixar qu'on a vues fleurir cette dernière décennie : propre...
le 25 juin 2024
41 j'aime
10
Depuis la toute fin des années 2010, Disney traverse la période la plus lamentable de toute son existence. Certes, le studio a connu, dans toute son histoire, de nombreuses perturbations, de...
Par
le 18 juin 2024
41 j'aime
11
Du même critique
Le succès tient à peu de choses, parfois. C'était il y a dix ans. Un réalisateur et un acteur charismatique, dont les traits ont servi de support dans les pages Marvel en version Ultimates. Un éclat...
le 25 avr. 2018
205 j'aime
54
˗ Dis Luke ! ˗ ... ˗ Hé ! Luke... ˗ ... ˗ Dis Luke, c'est quoi la Force ? ˗ TA GUEULE ! Laisse-moi tranquille ! ˗ Mais... Mais... Luke, je suis ton padawan ? ˗ Pfff... La Force. Vous commencez à tous...
le 13 déc. 2017
193 j'aime
39
Le corps ne suit plus. Il est haletant, en souffrance, cassé. Il reste parfois assommé, fourbu, sous les coups de ses adversaires. Chaque geste lui coûte et semble de plus en plus lourd. Ses plaies,...
le 2 mars 2017
186 j'aime
25