Un film qui sur le papier promet. Un plan séquence de 2h20 sans aucune coupe proposant l'histoire d'une rencontre qui dégénère...Un million de propositions se bousculent alors dans notre esprit.
Et une fois le film fini, on ne peut se sortir de l'esprit que Victoria se dépatouille entre le fade, l'ennui et la linéarité, avec quelques petits sursauts d'inventivité, malheureusement trop rares.
Si la séquence d'intro est difficile à regarder, voire même insupportable, elle est pour moi représentative de l'effet de la lumière d'une boite de nuit sur mes yeux, je pouvais donc m'enjouer d'un certain aspect viscéral, essayant de reproduire le réel dans ce qu'il a également de désagréable...Une sensation qui s'estompe totalement une fois la scène terminé.
Car si l'on peut reconnaitre une véritable prouesse technique au niveau de la longueur du plan séquence, le reste n'est malheureusement pas glorieux…
Tout semble fade : les lumières, l'ambiance, les confrontations...le film essaye d'en faire des tonnes en nous montrant une bande de jeunes berlinois "trop tarés t'as vu" mais ne prend à aucun moment le temps de leur donner de la crédibilité, en ressors au final une bonne bande de loosers. On pourrait me dire que des loosers jouant les gros durs, ça existe… et vous auriez raison, mais là le film a pour but de réellement les faire passer pour des caïds dingos. Cette impression d'avoir affaire à des loosers insupportables est moins une volonté scénaristique que des personnages tout bonnement mal écrits.
Une mise en scène qui se contente trop souvent de seulement suivre son personnage principal, mais qui ne construit aucune esthétique, aucuns visuels. J'ai l'impression que tous les lieux (à quelques exceptions prêts) ont la même lumière, ce qui d'un point de vue technique est compréhensible car l'inconvénient du plan séquence empêche le changement des réglages caméra ou bien des ajouts de projecteurs, mais en ressort une linéarité ayant pour conséquence des longueurs et un ennui s'installant petit à petit.
Se mêle à tout cela une musique mal utilisé, faisant perdre en brutalité certaines scènes (comme la scène de la fusillade) qui aurait été plus viscérales sans. Pour moi ce film n'aurait même pas dû avoir de musique (surtout si c'est pour nous proposer trois accords de simili orgue), car cela vient nous sortir de l'aspect documentaire donné par ce plan séquence, en essayant de donner un aspect tragique forcé.
La fin du film est le seul moment où je trouvais la lumière intéressante, blanche éclairant Sonne alors que celui-ci vient de mourir, mais sinon, on a plutôt l'impression que c'est le dynamisme qui est mort en début de film.
En Conclusion, Victoria souffre plus des inconvénients que des avantages de son choix de réalisation, car la plupart des défauts cités ici sont une conséquence de l'impossibilité de couper, en résulte un film plutôt moyen.
Néanmoins ce film représente une expérience de cinéma que je salue, qui malgré tous ses défauts, est une expérience que je soutiens. On essaye, on se plante, mais on expérimente, et ça c'est le plus important.