Victoria - Les jeunes années d'une reine par dadujones
Un film problématique de bout en bout: sirupeux, moralisateur, monté n'importe comment, qui fonctionne uniquement par éllispes ne donnant pas la moindre occasion de s'attacher au moindre personnage, et présentant des caractères extrêmement stéréotypés et foncièrement manichéens, sans autonomie ni épaisseur.
Le jeu des acteurs est triste à mourir, les dialogues simplistes, la narration plate ne donne rien à comprendre, ni même à savoir d'une Angleterre à peu de choses près totalement absente de l'histoire d'une reine que l'on voit globalement ne faire à peu près rien, si ce n'est se disputer avec sa mère sur une musique plombée de nappes de violons pénibles et écrire à son futur (qui fait du piano vu de dos avec des poses à la Obispo en pensant à elle et la caméra qui tourne autour et tout). Si, une fois elle commande un rapport à son Premier ministre sur les ouvriers et leurs logements, dont on ne reparlera plus jamais. Les aspects politiques, qui ne sont théoriquement pas le moindre soucis d'un monarque, les aspects internationaux, qui ne manquent pas à l'époque, sont absents. Ou plutôt, évoqués de manière particulièrement superficielle, sans qu'on ne voie jamais la reine agir en conséquence, ils donnent l'impression d'une histoire sans aucunes attaches. Certes, la politique est évoquée dans les oppositions entre Conroy, Melbourne et Peel. Mais ça ne tourne qu'autour d'eux, et le sujet n'est évoqué que comme faire valoir de la probité supposée de la jeune reine. Aucune piste n'est exploitée, tout reste toujours plat.
L'histoire de Victoria est à peu près ramenée au niveau d'un téléfilm de milieu d'après-midi où tout est mignon malgré le monde cruel avec les gentils qui gagnent quand même grâce à l'amour dans une photopgraphie laide et tapageuse.
Foncièrement pénible, car prétentieux mais sans qualités.
(en passant, les photographies de Victoria nous montrent une femme au visage grossier, fermé et très masculin, comme les tableaux de ses jeunes années, malgré l'idéalisation du peintre sous commande: comment diable quelqu'un a-t-il pu croire une seconde qu'une Emily Blunt absolument point enlaidie, bien au contraire, était un choix judicieux pour camper cette reine?)
(en finissant de passer, ce film m'a quand même donné l'occasion de lire sur Sens Critique deux trois critiques enthousiastes et surréalistes)