Au creux de la chair, la réalité tue la vision

Vidéodrome c’est l’histoire d’un certain Max Renn (James Woods). C’est un type qui ne manque pas de classe le Max, il a ce regard perçant qui rend beau, cet esprit retors qui met gentiment à distance, ce verbe qui parfois choque. Max est de ces gars qui font de la télévision ce qu’elle est ; un ramassis d’ordures ménagères, qu’un bon concept fait éjaculer la flore tentaculaire de la bêtise humaine, la pulsion grégaire si chère aux masses aveugles de tout jugement. Max, tu le rencontres, tu te dis « mais quel connard. En voilà un qui nous balancera tous dans le maelström du plaisir facile, celui qui excite l’œil d’une image grotesque.»



Il vaut mieux que ça se passe à la télé que dans les rues…



Sur son canal de tue la vision, Max te propose du cul, du sale, du moins sale, de l’interracial, du stupre pénétrant comme de la grivoiserie sans âme. Et mine de rien, si son œil s’aventure dans les contrées par trop fréquentées de la saleté, proposant à son spectateur de l’érotisme et de la pornographie, Max ça le fait bien chier de diffuser du classique, du déjà-vu. Le public il en a déjà vu à la pelle de la loche et du cigare veineux. Ce qu’ils veulent tous c’est la dose maximale, l’ultime jouissance, l’ultime violence, l’ultime humiliation. Ce que veulent les gens c’est la réalité. Ils veulent que ça claque à en saigner par tous les orifices, que ça face vraie comme s’ils effectuaient eux-mêmes le châtiment.



La télévision est la réalité, et la réalité est moins que la télévision.



Lorsque Max découvre Vidéodrome, il a le sentiment d’être tombé sur quelque chose d’incroyable. Il mire cette chambre noire et rouge, qu’un mur d’argile fait dénoter du reste. Au centre il y a cette femme pendue par les mains. On la lacère de coups de fouets, on la détruit, elle n’est rien de plus qu’un amas déstructuré de larmes sanguines. Max enquête, il lui faut cette émission, ce programme. Tout le reste n’est plus que de la branlette automatique qui ne parviens qu’à vous tirer un léger gémissement d’un trait blanchâtre à moitié gâché. Max se retrouve alors embarqué dans un voyage visuel et mental délirant, constitué d’hallucinations et de faux semblants. Vidéodrome est dangereux, Vidéodrome vous bouffe la cervelle et vous inonde d’une réalité méconnaissable, à peine plus supportable que les nôtres. Max en fera les frais…



Pourquoi nier la jouissance que vous procure la torture et le meurtre ?



Au fond, si la critique de l’audiovisuel, du médias poubelle par excellence que seule, de nos jours, Internet vient supplanter, si cette critique est fort bien représentée, imagée dirons-nous, le film émerveille par sa narrativité, sa réalité malléable. Voir une œuvre cinématographique ce n’est jamais voir le réel, tout un chacun, nous le savons. Et pourtant il y a cette émotion qui nous la fait s’intégrer à notre champ visuel, la rendant vivante, presque palpable. Nous faisons confiance à l’image dans l’espoir de recevoir en retour cette sensation de communion silencieuse. Nous nous comprenons le film et moi, ce personnage c’est moi, c’est toi, c’est tout le monde. Vidéodrome c’est la fenêtre vers le monde pulsionnel, un monde que nous connaissons tous fort bien tant il est en nous, au creux de notre chair.

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le 29 mai 2016

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Fosca

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