Le succès de "Death Wish" en 1974 généra dans les années 70-80 une vague de films d'auto-justice (ou "vigilante films" dans la langues de Shakespeare), souvent teintés de fascisme. En 1983, William Lustig s'attaque au genre, avec le simplement nommé "Vigilante". Il est question ici de l'intrigue habituelle du père rangé, dont la famille est brisée par des voyous, et qui se rend compte qu'il ne peut se fier au système s'il veut avoir réparation.
La première différence entre "Vigilante" et les autres films du genre est que le scénario ne se veut pas politisé. Il n'est pas question ici de glorification des armes ou de l'auto-justice. Le film est plutôt nihiliste, en montrant le laxisme et les failles du systèmes, mais également la perte des repères de ceux qui ont sombré dans la violence pour palier à ce système. Par ailleurs, la forme est prenante.
Après "Maniac", Lustig n'a pas perdu la main en ce qui concerne les scènes urbaines oppressantes et glauques. Le réalisation exploite des plans panoramiques, des couleurs cauchemardesques (ocre, bleuâtre, verdâtre), et des décors délabrés pour évoquer la détresse de ses personnages. Signalons en outre une bonne BO qui met l'accent sur ces aspects. Enfin, côté acteurs, on a le droit à quelques "gueules" qui donnent du charisme à l'ensemble (Robert Forster, Fred Williamson, Joe Spinell...). Un bon polar.