Avant que le néfaste moustachu débarque avec sa bande de sbires psychopathes, le cinéma allemand a été un très sérieux concurrent d'Hollywood pour la place de grand manitou du Septième Art.


Viktor et Viktoria, un film qui n'aurait certainement jamais existé si le projet avait été mis sur les rails quelques mois plus tard (d'ailleurs, c'est aux oubliettes de la censure qu'il aurait été !). Un vent de fraîcheur qui parle d'homosexualité et des genres avec une très grande audace. C'est l'histoire d'une femme qui se fait passer pour un homme se faisant passer pour une femme. Pas la peine de préciser que Blake Edwards en fera un très bon remake près d'un demi-siècle plus tard. Mais là, on parle de Viktor et Viktoria, avec un "k" comme "koala", 1933.


Un vent de fraîcheur devant lequel on s'ennuie pas une seule seconde. L’œil se régale d'un numéro musical qui rend hommage au style Busby Berkeley, les dialogues délicieusement chantés sont un régal pour les oreilles, on sourit devant quelques bonnes et amusantes idées de mise en scène à l'instar du montage parallèle avec les chiens de spectacle, et on rigole souvent face aux quiproquos qui émaillent l'ensemble et aux jeux des acteurs portés par une réalisation dynamique et sans temps mort.


Si Anton Walbrook, qu'il est intéressant de voir jeune, avant qu'il atterrisse magistralement chez Michael Powell ou Max Ophuls, a un personnage important, à savoir le type qui tombe amoureux de "Viktor", il est paradoxalement trop peu creusé pour ne pas apparaître un peu trop en retrait. C'est d'ailleurs le reproche que je ferais au film.


Autrement, on se laisse aller à tomber totalement sous le charme de l'actrice Renate Müller, pétillante et énergique comme c'est pas permis, qu'on regrette très fortement que sa vie ait été aussi courte (31 ans, c'est quand même dangereux le cocktail santé fragile, dépression, drogue et nazisme !) et tragique.


Mais celui qui domine, c'est sans conteste un acteur que je connaissais pas jusque-là, à mon grand regret, Hermann Thimig qui m'a fait mourir de rire à travers son interprétation clownesque d'un acteur cabotin raté. Sa scène finale est irrésistible de bout en bout. Mais même toutes les séquences dans lesquelles il apparaît m'ont procuré un plaisir incroyable.


Donc aucune excuse valable de ne pas se visionner ce dernier instant de bonheur, de légèreté, de drôlerie et d'audace... avant le voyage au bout de l'Enfer.

Plume231
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le 6 sept. 2017

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Plume231

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