Le principal intérêt – et non des moindres – de « Villa Caprice » est sans conteste le face-à-face homérique entre les deux grands acteurs ainsi que les deux grands hommes du cinéma français que sont Patrick Bruel et Niels Arestrup. Si le premier nous joue une partition plutôt attendue et conforme à son image de charmeur roublard mais néanmoins très investi dans son rôle, le second épate en homme de loi sûr de lui, à la vie privée pour le moins vide et qui va tomber dans un engrenage fatal. Leur duo fonctionne à merveille et leur duel en pas de deux est tout à fait réussi et prenant. L’intrigue du film se focalise sur les jeux de pouvoir naissant d’une affaire judiciaire. Mais Bernard Stora ne s’intéresse pas vraiment à l’aspect procès, très vite évacué, ni au côté immobilier de l’affaire en justice, préférant se focaliser sur ces deux hommes, leurs vies privées et les techniques de manipulation qu’ils emploient. Et tant mieux.
Ce long-métrage semble sorti d’un autre temps (la fin des années 80 ou le début des années 90 à première vue) dans sa façon d’être filmé comme dans son intrigue. Mais sans que cela fasse désuet, poussiéreux ou dépassé. Stora ne semble guère être un grand esthète ni un grand metteur en scène formel mais plutôt un bon directeur d’acteurs. Et avec ce casting royal il peut se faire plaisir et mettre les mots qu’il a lui-même écrits dans la bouche d’acteurs chevronnés et souvent sous-employés. En effet, outre le tandem star, on retrouve Irène Jacob, l’excellent Laurent Stocker, la trop rare Claude Perron et surtout l’immense Michel Bouquet, certainement le dernier grand acteur français de cette génération encore en vie. Une distribution prestigieuse pas toujours optimisée (on aurait aimé tous les voir plus) mais à l’ancienne et surtout qui fait plaisir à voir.
« Villa Caprice » ne souffre d’aucune longueur et on suit les méandres de cette histoire vénéneuse avec plaisir. Ce n’est pas à proprement parler un suspense sous tension mais c’est plutôt captivant. On est également étonné d’une fin très pessimiste, noire, presque nihiliste. Le retournement de situation final en plusieurs étapes est bien négocié et change de ce que l’on peut voir d’habitude. Mais on a parfois l’impression d’être devant un téléfilm de luxe, sorti d’une autre époque. Ou dans une œuvre de Claude Chabrol, duquel ce long-métrage semble parfois s’inspirer de manière plus ou moins évidente. En attendant, sans être une grande œuvre passéiste, ce duel est assez plaisant pour valoir le coup d’œil même si son intrigue reste générique et que visuellement cela reste assez fainéant.
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