Des rape & revenge, il n'y en a pas eu tant que ça en France. En 1975, deux excellents films effleurent pourtant le sujet sans concrètement s'y mouiller : tout d'abord La Traque de Serge Leroy où deux immondes salopards, superbement interprétés par Jean-Pierre Marielle et Philippe Léotard, s'en prennent à l'adorable Mimsy Farmer. Pas vraiment de pure revenge de la part de cette dernière suite à son horrible agression, plutôt de la légitime défense et une vaine fuite face à de la pathétique lâcheté masculine... Quelques mois plus tard, c'est Philippe Noiret qui prend les armes pour se venger du viol et du meurtre de sa femme incarnée par Romy Schneider dans le haut de gamme Le Vieux Fusil, pur film bis vendu comme un film d'auteur à la sauce historique puisqu'il est censé s'inspirer du massacre d'Oradour-sur-Glane survenu en 1944. Avec l'obtention de 3 César, dont celui du meilleur film, Le Vieux Fusil est longtemps resté le seul long-métrage français s'adaptant pleinement à un sous-genre horrifique extrêmement violent qui cartonne aux quatre coins du globe. Si l'on excepte le quasi-remake de La Traque en mode porno cradingue avec le bien nommé Corps De Chasse, il faudra attendre 2002 pour que Gaspar Noé choque le Festival de Cannes avec Irréversible dont l'affiliation au genre rape & revenge est totalement assumé par son réalisateur. À l'instar de Villa Captive, produit 9 ans plus tard, par un cinéaste qui se défend pourtant de ne pas être un adepte du genre et cite bien plus volontiers Les Chiens De Paille de Peckinpah comme référence ultime envers son œuvre. La bonne blague ^^
Car il faut l'avouer tout de go, Villa Captive n'a absolument rien à voir avec la qualité des Chiens De Paille et n'est absolument pas un bon film. Ni un très mauvais non plus. Juste un énième rape & revenge fauché, mal écrit et mal fichu qui lui permet de sombrer toujours un peu plus dans les méandres de l'oubli à chaque année qui s'écoule. Sa particularité serait-elle d'être une production française ?... Même pas... Disons que son originalité est d'être le seul métrage dit traditionnel de sa vedette féminine qui apparaît pour la première fois au générique sous son véritable patronyme : Émilie Delaunay alias Liza Del Sierra, ex-pornstar féministe devenue aide-soignante depuis qu'elle a mis fin sa carrière d'actrice. Une révélation ?... Pas vraiment non plus, puisque la miss incarne une star du X terriblement en colère contre son métier, son agent et sûrement aussi envers elle-même. Cynique et forte en gueule, elle en fait des caisses pour paraître crédible dans son personnage au bout du rouleau alors que son attitude vulgaire et grossière n'inspire que de l'antipathie.
Elle s'appelle Audrey et se retrouve seule dans un motel à Miami après avoir viré son agent. Elle prend des bains de soleil au bord de la piscine et se voit immédiatement reconnue par un jeune adepte du porno qui prévient ses copains, des bras cassés comme on n'en avait plus vu depuis très longtemps au cinéma, qui décident de la kidnapper et de la séquestrer en espérant une rançon. Sauf qu'entre-temps, ils la violent, séquestrent un jeune témoin, tuent l'agent qui est revenu chercher sa protégée, mais aussi la petite amie du voisin qui passait par hasard et n'en demandait pas tant. Du coup, tout le monde s'énerve, s'insulte, se tape dessus pour un oui et un non, puis Audrey s'échappe, encore plus vénère qu'au début et la vengeance commence...
Alors, oui, ça hurle, ça saigne et c'est (parfois) gore. C'est également écrit avec les pieds, bardé de faux raccords et ça raconte un truc déjà vu et revu 300 000 fois. Reste aussi que Liza Del Sierra... oups, Émilie Delaunay, pardon... sait parfaitement mettre en avant sa généreuse poitrine artificielle à défaut de savoir jouer la comédie, ce qui n'aide pas vraiment à s'identifier à son personnage et à ressentir la souffrance qu'elle subit. Ce qui reste un comble pour ce genre de film.
Bref, le tout s'achève dans une piscine où Émilie / Liza / Audrey s'adonne à un massacre en règle dans son débardeur moulant... forcément mouillé... et forcément transparent. Contempler tout cela après le ridicule réquisitoire contre l'univers porno asséné tout au long du métrage reste un paradoxe aussi insipide qu'inexcusable, aussi médiocre qu'insignifiant.
3/10 pour le plein soleil et les jolis palmiers de Miami.