Fort d'un casting impressionnant, Jean-Pierre Mocky s'applique à réaliser un polar satirique prenant pour cible les notables de la petite ville ouvrière de Moussin, où est commis un meurtre, qui sera peut-être suivi d'autres, où, curieusement, les chômeurs sont grassement indemnisés.
Incontestablement, Mocky a parfaitement mis en valeur le singulier décor des hauts fourneaux à l'abandon, des cités minières (lorraines) de la sidérurgie et de coeurs de ville désaffectés. On n'ira pas jusqu'à dire qu'il donne un caractère expressionniste à son intrigue mais on met au crédit du cinéaste l'utilisation des extérieurs et des bâtiments donnant, associée aux teintes hivernales du film, un relief détonnant et sombre au récit. La résolution de l'énigme policière est assez indifférente, et d'ailleurs le dénouement est plutôt fumeux, dans lequel le personnage de Tom Novembre, prénommé Orphée, pourrait bien se trouver aux Enfers, métaphoriquement parlant, au moment où il réclame la vérité. Peu importe. Ce qui compte dans cette comédie policière, ce sont les numéros d'acteurs (parmi lesquels Michel Serrault, maire de la ville, s'est composé une face de rat !) qu'une fois n'est pas coutume, Mocky dirige bien. Tom Novembre et Valérie Mairesse enquêtent mais se heurtent aux secrets et aux mensonges de notables composant un véritable panier de crabes. En terme de portraits et de réalisation, Mocky a fait bien pire par ailleurs, alors appécions ce film plus ambitieux, au moins formellement, qu'à l'habitude.