Scénario digne d’un épisode de Black Mirror, Vincent doit mourir se glisse habilement dans la liste des films français à voir absolument. Première mondiale réussie à la surprise générale, après que le réalisateur l’a qualifié d’inqualifiable.
Nouvelle pépite dans le monde du cinéma français, Vincent doit mourir a fait son effet lors de sa première projection. Rires, plaisir, choc et ravissement ont eu raison de son public, ce qui donne au premier long métrage de Castang une note bien particulière, presque familiale, en surfant sur la vague des très bons films produits en France depuis quelques années.
Avant le début de la séance, le réalisateur Stephan Castang a pu s’adresser directement à la salle en parlant de son film comme un joyeux bordel rempli de tout un tas de choses qu’eux-mêmes ne comprenaient pas. Le plus séduisant dans cette description, c’est qu’elle colle à merveille aux codes que la Quatrième dimension pouvait employer, ce qu’a repris plus tard Charlie Brooker avec Black Mirror, dans des thématiques beaucoup plus dérangeantes et actuelles.
Derrière toute cette masse apocalyptique, le point central du film réside dans cette forte envie d’émancipation sociale. Vincent doit mourir pour éviter que la société toute entière ne perde les pédales, mais comment éviter l’inévitable ?
Petit malus toutefois sur un élément bien précis. Au lieu de rester sur l’idée du phénomène inconnu, où seul le protagoniste est ciblé, le film se soulage en lui attribuant une raison pandémique et généralisée. Ça n’enlève rien au plaisir de cet ovni sociétal, mais le versant mystérieux du premier jet était pourtant ce qu’il y avait de plus horrifiant…
Au-delà de Karim Leklou qui régale sur tous les fronts et à chacun de ses rôles, le vrai plaisir est de voir Vimala Pons, l’héroïne principale, grandir et s’épanouir au fil de l’histoire. Elle caractérise l’œuvre comme un film qui donne envie de vivre, expérience qu’elle a elle-même entreprit car ce rôle de serveuse qui n’a pas la langue dans sa poche lui aurait sauvé la vie après une sévère dépression. C’est précisément ce qu’on ressent à la fin de la séance, un sentiment de résurrection, après avoir passé près de 2h à se battre à la place de Vincent pour qu’il puisse rester en vie. Une idée de génie ? Assurément.
Bien que le scénario (selon les dires du réalisateur) soit un bric-à-brac indéfinissable, il est d’une intelligence folle, drôle, finement pensé à chacune des situations qui ne fait que s’envenimer comme une descente de dominos. Le cinéma international n’a qu’à bien se tenir, la France foule les platebandes d’un septième art revitalisant et singulier.