Les initiales de Vincent doit mourir sont donc VDM ! Un hasard ? Il semble bien que oui mais ce n'est pas pour déplaire à Stéphan Castang, pour son premier long-métrage, dont il n'a peut-être pas écrit le scénario mais qui y a trouvé matière à en faire quelque chose de très personnel, à partir d'une idée de départ très originale. Encore fallait-il éviter les redondances avec un tel concept et se renouveler, ce que le cinéaste réussit haut-la-main en faisant muter son film à jets continus. Il faudrait parler en l'occurrence d'un cinéma de genres, au pluriel, puisqu'il en agrège un certain nombre sans perdre un seul instant son imprévisibilité. Ainsi, de comédie sociale à film de zombies, Vincent doit mourir se plaît à nous surprendre en faisant par exemple se succéder tragique et burlesque dans la même scène. Les figures tutélaires du réalisateur sont identifiables : Carpenter, Romero et même Buñuel, mais Castang a son style propre, ne s'imposant aucune limite à son mauvais esprit et s'intéressant moins aux causes de la violence qu'à la façon dont elle s'exprime, commençant ici par le regard des autres. Selon ses propres termes le réalisateur n'a pas voulu tourner "un film post-apocalyptique mais pré-apocalyptique, en évoquant d'abord une apocalypse intime." Et dans ce terrible et jubilatoire capharnaüm, les excellents Karim Leklou et Vimala Pons ne pouvaient que briller. Ce qu'ils font sans rechigner.