Ida ou l'ardeur
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Là où la plupart enfilent les images comme des perles, joliment, sagement, sans idée ni panache, Bellochio le virtuose nous prend à la gorge dès les premiers plans et ne nous lâche plus jusqu’à la fin. On a rarement vu autant de maestria dans la mise en scène, la photo, la musique, le montage, le jeu des acteurs (magnifiques Giovanna Mezzogiorno et Filippo Timi) ! La fresque historique de l’arrivée au pouvoir du Duce (et son mélange entre fiction et archives) est de toute beauté. Non, décidément, Bellochio n’est pas un manchot. Et pourtant… Je me suis très vite emmerdé dans cet opéra virevoltant et en boucle sur lui-même. A la fin, le seul truc qui me vient à l’esprit c’est : « and so what ? »…
Toute aussi magistrale que puisse être la réalisation, elle nous coupe des personnages, comme si on les regardait derrière une vitre. Cette façon très opératique de mettre en scène noie les émotions et la vérité du jeu sous les artifices. Bellochio semble tellement occupé à se regarder filmer, qu’il donne l’impression de ne pas savoir où et quand s’arrêter. Car pendant ce temps, l’histoire a déjà fini de nous raconter ce qu’elle avait à nous raconter. Mussolini est un taré égotiste et Ida une passionata dévorée par son obsession amoureuse. On a bien compris, et après ?
Les deux-tiers du film nous montre une Ida reclue, intransigeante avec la vérité et la passion, imperturbable dans son refus de la compromission. Et les séquences s’accumulent et se répètent avec quelques variations ça et là, des rencontres, des lieux ou une temporalité qui diffère, mais cela ne change rien à l’évolution de son personnage (comme des autres d’ailleurs). Les développements psychologiques ou émotionnels sont rares, répétitifs ou elliptiques (en particulier celui du fils). Le récit humain est beaucoup moins complexe (et profond) que ne l’est la mise en scène. L’histoire incroyable de la première maîtresse du Duce finit ainsi par lasser, incapable de se développer hors les murs de son pitch.
Créée
le 30 août 2024
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