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Dans ce premier long-métrage de Louise Courvoisier, on suit Totone, un jeune homme du Jura profond, qui n'est pas du tout le couteau à fromage le plus aiguisé du terroir. Cela, le film le fait comprendre très vite, mais on l'aime bien quand même, il n'est pas méchant. Il a un bon fond. Bon, ben, Totone, qui passait son temps à picoler, à faire quelques tâches d'ouvrier agricole et à rien branler avec sa bande de potes, se retrouve à devoir assumer son existence et celle de sa petite sœur, suite au décès de son père. Pour s'en sortir, il s'est mis en tête de faire le meilleur comté qui soit, pour remporter le premier prix d'un concours, à savoir la modique somme de 30 000 euros...


L'ensemble, durant 90 minutes, est une tranche de vie, qui ne lâche jamais notre protagoniste, essayant de se dépêtrer d'une situation financière assez difficile, avec ses grandes limites, mais une opiniâtreté et un culot, inspirant un certain respect, dans son ambition financièrement fromagère. Cette ambition est le point central de l'ensemble. Et à l'image du protagoniste, la cinéaste se concentre beaucoup sur cela, un peu trop au détriment de certains personnages secondaires (les potes, notamment, restent à l'état de quasi-figurants !) et de certaines autres situations (les relations avec la petite sœur, personnage ne semblant être là pour que Totone soit dans la plus grosse des dèches ; l'intrigue suivant, l'air de rien, les étapes traditionnelles d'une comédie romantique !). Ces éléments, s'ils avaient été approfondis, auraient pu apporter un supplément de consistance et de saveur.


Techniquement, c'est correct, même s'il y a quelques plans flous lors des fêtes du coin, Courvoisier préférant sûrement sacrifier le travail de l'image au profit de l'authenticité (je ne lui donne pas tort !). Et l'authenticité, justement, c'est la grande qualité de ce film. Celle qui emporte l'adhésion du spectateur.


Sans le moindre comédien professionnel dans la distribution, avec uniquement des personnes du coin, de véritables ruraux, parlant avec un accent du cru, il y a une vérité qui se dégage du tout, grâce, en particulier, à une direction d'acteurs qui tire le meilleur du meilleur des interprètes. Je suis admiratif. On croit à leur personnage, ils sont leur personnage. Celle qui incarne la jeune fermière, objet de la flamme de Totone, ça se voit, ça se ressent qu'elle a déjà aidé, à de nombreuses reprises, une vache à vêler. C'est pareil pour celle qui montre comment préparer le comté ; les gestes nécessaires pour y parvenir, elle les a accomplis des milliers de fois auparavant. En conséquence et en conclusion, il faut reconnaître qu'il se dégage un parfum de vérité enivrant et que c'est ce qui fait le charme des débuts, plus que prometteurs, de la réalisatrice Louise Courvoisier.

Plume231
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le 10 déc. 2024

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