Second long métrage de Fabrice Du Welz Vinyan fut lors de sa sortie contesté voire décrié par le public et la critique. Moins réussi scénaristiquement que l'excellent Calvaire mais néanmoins techniquement très abouti ce drame épique lorgnant du côté des maîtres Herzog et Coppola ( le troisième acte évoque immanquablement l'atmosphère moite et mordorée de l'incontournable Apocalypse Now ) reste à notre sens terriblement mesestimé.
Véritable bijou formel Vinyan reprend l'un des thèmes récurrents dans la filmographie de Du Welz : l'aliénation mentale ( thématique très prononcée dans le précédent Calvaire en la figure de Paul Bartel mais également très présente dans le récent et inédit Adoration, variation sentimentale du chef d'oeuvre La Nuit du Chasseur de Charles Laughton...). En partant d'un fait divers contemporain ( le tsunami des années 2000 ) le réalisateur s'adonne à une formidable incursion cinématographique vers des contrées fantastiques et fantasmatiques : c'est visuellement dense et d'une fracassante beauté !
Le film assume sa prétention à jouer de son pari technique, et bon nombre de plans de cet énigmatique Vinyan sont proprement stupéfiants. L'enjeu initial, jamais laissé de côté par Fabrice Du Welz, se nourrit en permanence des formes bouillonnantes et des figures hostiles de la jungle birmane. Du générique introductif baignant dans une émulsion aqueuse et magmatique au travelling aérien surplombant quelque temple rongé par une verdoyante végétation Vinyan est une splendeur pour les yeux et les oreilles.
Si la réalisation a souvent une longueur d'avance sur le scénario ( le strict récit du film n'est pratiquement rien de plus qu'une expédition conjugale à la recherche de son enfant porté disparu suite au tsunami ) l'expérience proposée par Du Welz promet de formidables éclats de cinéma pittoresques et envoûtants dans le même temps. A voir ou à revoir...