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𝑉𝑖𝑜𝑙𝑒𝑛𝑡 𝑁𝑖𝑔ℎ𝑡 commence avec une idée séduisante; un Père Noël désabusé, à la dérive, se retrouve au milieu d’un cambriolage violent la veille de Noël, forcé de défendre une petite fille...
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le 19 sept. 2024
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Halloween n’est même pas terminé que tout le monde s’est mis au diapason. Disneyland remplit ses étales de décorations, la télévision diffuse les niaiseries habituelles l’après-midi et les sites porno composent avec les fanfreluches, les bûches en chocolat, et les braquemarts géants de lutin. Il est enfin venu le temps de mettre des marrons dans les dents, pour le bien de la communauté cinéphilique noéliste. Alors au rayon des films à voir pendant le réveillon, c’est au tour de Tommy Wirkola de s’y coller. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le réalisateur norvégien a bien appris sa leçon. Il a assimilé tous les classiques du genre pour en faire une grosse resucée bourrée de scènes gores, de gags outranciers, et de mises à morts cliniques relevées d’une pincée de féerie. Cela reviendrait à balancer Maman j’ai raté l’avion, Piège de Cristal, Bad Santa, Very Bad Santa, Silent Night, et même John Wick dans un chaudron magique. Mais attention à ne pas vous flanquer une indigestion avec cette tambouille.
Violent Night vise à s’inscrire dans l’ère du temps, avec son père noël ivrogne et misanthrope répandant son mal être en gerbant et en pissant sur les passants du haut de son traîneau. Il semblerait que ce dernier souffre d’une sévère crise existentielle. Difficile de lui donner tort tant personne ne supporte les nouvelles générations d’enfants portés sur les jeux vidéo et les réseaux sociaux. Et à quoi bon se donner du mal pour eux, quand Amazon fait désormais la majeure partie du boulot. Une horde d’irréductibles bambins continuent néanmoins de croire en lui. Cette soirée pas comme les autres sera donc l’occasion de faire preuve de charité chrétienne en distribuant des mandales dans la gueule des méchants, pour sauver une famille de nantis particulièrement irritable.
Ce n’est pas la première fois ni la dernière qu’un cinéaste s’amuse à subvertir l’image du Père Noël. La figure bienveillante du vieil homme débonnaire a fait son chemin dans l’imaginaire des cinéastes, qui l’ont perverti durant des décennies. Toutes les productions horrifiques se sont données le change (Christmas Evil, Silent Night, Deadly Night, Rare Exports, Saint, Krampus), en détournant ses origines pour en faire le père fouettard des légendes, un tueur fou, sadique voir démoniaque. Tommy Wirkola ne fera donc pas exception dans sa représentation. Heureusement, il peut compter sur la présence de David Harbour afin de faire feu de tout bois. L’acteur jouit d’ailleurs d’un fort capital sympathie auprès du grand public depuis son rôle dans la série Stranger Things.
Face à lui, John Leguizamo s’en donne vraiment à cœur joie dans le rôle du « Scrooge», cherchant à mettre la main sur le magot et à gâcher le réveillon des bourgeois. L’image candide d’Épinal véhiculée par Coca-Cola semble bien loin. Santa Claus se retrouve pris dans la tourmente d’une prise d’otages et incapable de redécoller faute à une gueule de bois carabinée. Mais ce que les méchants ne savent pas, c’est qu’avant de distribuer des cadeaux à tour de bras, ce dernier assénait des coups de masse à tire-larigot sur les champs de batailles. Si on écarte les fantaisies, cet être mythique reste néanmoins vulnérable aux balles et au danger, comme on le verra tout au long du métrage puisqu’il convient de lui en faire méchamment baver.
Des parties de cache-cache dans la maison à ses combats spectaculaires, le réalisateur ne ménage jamais le spectateur d’idées originales grâce à une inventivité de tous les instants, misant sur des meurtres originaux (empalement par des cannes à sucre, patins à glace servant de guillotine, corps déchiquetés par une tondeuse à lame), comme autant d’effets de style. Le papa gâteau brise aussi bien les tibias que les mâchoires, les nuques et les mentons, pour notre plus grand plaisir sadique et pervers. Évidemment, les jouets et décorations font également office d’armes redoutables. Un casse-noisette peut par exemple servir à écrabouiller des phalanges ou des bijoux de famille, une étoile servir de shuriken, et des guirlandes à étrangler ses adversaires. Mais c’est bien à travers l’allégresse de ces empoignades musclées, ces ballets de masse aériens et sa farandole d’os brisés, que Violent Night acquiert réellement toute sa dimension de défouloir.
Et pour bien montrer l’effet que le film de Chris Colombus a eu sur la culture populaire, Tommy Wirkola lui rend un vibrant hommage à travers le personnage de Trudy, une groupie imitant le petit Kevin McCalliser en semant des pièges dans la propriété (planche cloutée, colle adhésive, verre pilé, boules de bowling), et autres joyeusetés pas moins vicieuses et mortellement dangereuses. La violence est si jouissive que l’on se prendra souvent à éclater de rire, notamment lorsque l’ancien viking repenti fera du hachis parmentier de ses ennemis. De ce chaudron au vitriol résulte un spectacle ultra référentiel, licencieux, gore, et surtout généreux, qui devrait pouvoir contenter les profanes comme les bisseux.
Il ne manquait d’ailleurs pas grand-chose au menu pour en faire un grand classique du genre. Mais à l’instar des repas familiaux un peu trop copieux, Violent Night aura malheureusement l’effet d’un trop plein au goût de certains, essuyant les nombreuses ruptures de tons d’un réalisateur-savant fou qui ne sait pas toujours équilibrer la formule (quelques baisses de régime à signaler et une durée artificiellement rallongée). Néanmoins, grâce à sa brutalité et à la magie de Noël, rien ne pourra arrêter ce Père Noël cynique dans sa course contre la montre. Cette année, nos chères têtes blondes pourront donc dormir sur leurs deux oreilles, et les parents se réconcilier dans la violence et l’allégresse communicative.
En cette période de festivités où il convient de se réunir en famille, d'ouvrir les cadeaux et de déguster une bonne pintade fourrée. L’Écran Barge vous propose de déterrer la hache de guerre en pervertissant l'esprit de Noël. Cette sélection de films saisonniers accompagnés de critiques virulentes et acerbes est donc réservés aux viandards, aux bisseux, aux tueurs de masses, aux durs à cuirs, aux frustrés et à tous ceux qui ne croient plus aux bons sentiments et à la paix dans le monde depuis bien trop longtemps.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Le Noël d'Enfer
Créée
le 7 déc. 2024
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