Il est toujours étrange de voir le film d'un réalisateur après sa mort, encore plus quand celui-ci à été tourné 30 ans avant la mort du réalisateur. En effet, tourné en 81, ce film était destiné à n'être montré qu'après la mort de Manoel de Oliveira. Il y dresse, à travers la visite de sa maison, une autobiographie à la fois ramassé et terriblement complète. Aux plans de maison vides, rythmés par une voix off très poétique (la magie de la langue chez Oliveira est ici un vrai atout), répondent des plans où Oliveira se raconte face caméra, oscillant entre anecdotes touchantes, réflexion sur son cinéma et récit de sa vie. Il est d'ailleurs remarquable que, 30 ans avant sa mort, Oliveira puisse être aussi juste sur la vie qu'il n'a pas encore vécu, faisant de ce film un véritable testament. Difficile de rester insensible face à cette homme qui se confie et se pose dans toute sa gaucherie (ses mouvements parfois hasardeux sont très touchants). Difficile de dire plus de ce film qui doit se voir dans une salle, pour profiter de la poésie de la langue portugaise et de la beauté des images. La dernière pièce de l'oeuvre splendide d'une réalisateur qui manquera définitivement au cinéma.